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                i>E LA PHILOSOPHIE CARTÉSIENNE.                   61
l'automatisme des animaux). Tout cela est excellent et traité de
main de maître. Aussi n'ai-je qu'une toute petile observation à
présenter à M. Bouillier. J'admire et j'aime Descartes, comme
M. Bouillier , sans toutefois, et cet aveu ne me coûte pas, le
connaître comme lui ; or, précisément parce que j'aime et que
j'admire cet illustre père de la vraie philosophie française , j'ai
 un penchant, facile à comprendre et à excuser, à le revendiquer
 pour ma province natale : Descartes est né à la Haye en Tou-
 raine, je le sais fort bien, et les Tourangeaux ont bien fait de
 donner son nom à la petite ville où il vint au monde ; mais je
 voudrais que les biographes et M. Bouillier (I , p. 30) fissent
 observer que ce fut par une circonstance fortuite, et que quelques
 semaines plus tôt ou plus tard , Descartes serait né en Bretagne.
 On étonne beaucoup de gens, quand on répète avec M. Michelet :
 Le Breton Pelage, le Breton Abailard, le Breton Descartes,
 et cependant rien n'est plus exact que cette expression. Le père
 de Descartes était conseiller au parlement de Bretagne, et il figura
en cette qualité , en 1626, avec le père du surintendant Fouquet,
 dans la commission nommée par Richelieu pour juger le comte
 deLhâlais. Descartes avait alors trente ans; il accompagna son
 père àNantes et conçut peut-êt-e , comme le dit M. Mellinet, (la
 commune et la milice de Nantes , t. IV, p. 188), sur les bords
 de l'Eure la première idée de ses grands ouvrages. C'est donc
 avec raison que la Bretagne revendique , comme un de ses plus
glorieux enfants , Descartes, né d'un père breton, ayant passé
 une partie de sa jeunesse en Bretagne ; s'il suffisait, pour qu'il
 fût Tourangeau, de la circonstance, purement fortuite, du séjour
 accidentel de sa mère en Touraine au moment de ses couches,
je crois que les Hollandais et les Suédois auraient tout autant
 de titres à le réclamer comme un des leurs , puisque c'est en
 Hollande et en Suède qu'il a écrit ses plus importants ouvrages.
 Le patriotisme français ne se révolterait-il pas à une semblable
 idée ? Le patriotisme des Bretons n'a-t-il pas autant de droits à
 réclamer Descartes à la Touraine?
    11 y a en Descartes deux hommes : le philosophe et le savant.
 Ne connaître que l'un des deux, c'est ne pas connaître vérita-