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496            LES AUTISTES LYONNAIS A PARIS.

lion de !a Légion-d'Honneur. Malheureusement., il faut bien
le dire, il n'y a pas de talent qui puisse moins s'adapter que
celui de M. Guichard aux exigences de la peinture monu-
mentale. 11 ne suffit pas de posséder un grand sentiment
de la couleur, une certaine verve d'exécution, pour retracer
dignement un sujet religieux sur les murs d'une église. Le
musée de Lyon renferme, de M. Guichard, un tableau, La
•pensée d'amour, qui, malgré une faiblesse extrême de dessin
et de style, peut presque rivaliser par le coloris avec les
tableaux des maîtres vénitiens. On pourra voir dans la
Descente de croix combien de qualités , d'ailleurs remarqua-
bles, ne servent, lorsqu'elles sont employées à contre sens,
qu'à rendre plus pénible l'impression résultant de l'aspect
général.
   Ce n'est pas que la perfection et le charme de la couleur
soient incompatibles avec ce genre d'ouvrages. On peut
arriver sous ce rapport à des résultats beaucoup plus com-
plets que ceux qu'à obtenus M. Flandrin, et surtout M. Orsel
dans les pages que nous avons citées plus haut. Toutefois,
c'est à la condition de se restreindre toujours à des effets
sobres el discrels. La sobriété, voilà, ce semble, un mot dont
les coloristes modernes ignorent la signification. On dirait
qu'il leur soit impossible de contenir le choix de leurs tons
dans une gamme claire et lumineuse. Il leur faut parcourir
l'échelle la plus étendue, user de toutes les ressources de
la palette. Qui donc leur fera comprendre qu'il y a mille fois
plus de nuances, de reflets, d'opposiiions variées dans les
chastes symphonies de Beethoven que dans les accords pla-
qués, la sonorité grossière el heurtée des opéras récents ?
   L'exclusion du noir et des tons sourds, qui font tache dans la
décoration et semblent trouer les murailles, la réserve qu'on
doit exiger de la peinture monumentale, ne sont pas davan-
tage un obstacle h la grâce et h l'harmonie. Si je continuais