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                          PÉL0P0NÈSE.                         475
    Jusqu'à une certaine distance de Corinthe, la terre renferme
 une multitude innombrable de tombes, dont une grande quantité
 a déjà été découverte. Les paysans n'ont pas le droit de les
 chercher partout où ils veulent et ne peuvent déblayer que celles
 qu'ils rencontrent par hasard dans le champ qu'ils cultivent.
 Ceux qui vendent les objets antiques qu'elles contiennent encou-
 rent une forte amende ; ils doivent les conserver dans leur
 chaumière comme un dépôt sacré, ou les remettre, contre une
 indemnité proportionnée à leur valeur, aux agents de l'autorité
 qui les font passer au musée d'Athènes. Malgré les précautions
 prises pour conserver à la Grèce ces trésors convoités par les
 étrangers, le paysan grec les vend néanmoins, et très-cher, aux
 rares voyageurs qui passent, et fait lui-même des fouilles en
 secret. Voici le stratagème qu'il emploie pour se soustraire à la
 surveillance de l'autorité : il s'arme d'une longue baguette de
fer qu'il dissimule le mieux qu'il peut sous ses longs vêtements,
et l'enfonce dans la terre à l'endroit où il présume devoir trou-
ver une tombe. Si la baguette rencontre une de ces excavations,
elle en ressort fortement oxidée par les gaz délétères qui s'en
dégagent. Le paysan marque la place, y revient pendant la nuit,
y creuse un trou le moins grand possible, y engage, au risque
de périr asphyxié, la moitié supérieure de son corps et ramasse
tout ce qui lui tombe sous la main. Le sol de la Grèce renferme,
à coup sûr, des trésors enfouis et ignorés ; le temps n'a pu
dévorer et anéantir toutes les œuvres d'art qui ornaient ses
villes si riches et si somptueuses, dont il ne reste que quel-
ques pierres à la surface ; ils existent sans doute, enterrés par
les bouleversements qui ont changé la face du terrain. Si des
fouilles avaient lieu, persévérantes et bien calculées, les Grecs
retrouveraient à se dédommager amplement de la perte de
tous les chefs-d'œuvre qui leur ont été enlevés à une époque
où ils ne pouvaient défendre, contre un vol sacrilège, cet héri-
tage sacré de leurs ancêtres.
  De nombreuses contrefaçons d'antiques sont envoyées d'Alle-
magne aux paysans grecs qui réussissent d'autant mieux à ce
petit commerce qu'on ne les soupçonne pas. Ce sont de petites