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             NOTICE SUR S A I N T - R A M B E M - D K - J O U X .   ^

tant des bas-fonds sait que le soleil vient de se coucher. Alors le
vent du soir s'élève au milieu d'un crépuscule plein de tons dé-
licats et perlés ; il court de corniche en corniche, balaye les ban-
chères , ébranle les buis et chasse la chaleur des dernières cre-
vasses où elle se concentrait depuis le matin. L'homme, on le
voit, n'est pour rien dans ce spectacle, car Saint-Rambert, dis-
paru depuis longtemps, ne se trahit que par des fumées que l'on
pourrait prendre pour de légères vapeurs, et les maisonnettes
éparses qui se chauffaient aux derniers rayons du jour, dans les
combes du Croz ou de Chantemerle, n'étaient que des points lu-
mineux perdus dans l'immensité du tableau.
   Envisagé du point de vue que nous avons choisi en second
lieu , notre vallée présente un aspect bien plus sévère que lors-
qu'on suit les bords de l'Albarine. Sa sévérité va même jusqu'à
la tristesse, mais la dignité qui accompagne chacun de ses mou-
vements change en qualités rares , aux yeux des personnes qui
savent voir, ce que l'austérité de ses lignes et l'extrême escarpe-
ment de ses parois ont de repoussant pour quelques bons bour-
geois amis des terres plates. Nous pensons que c'est un senti-
ment de ce genre qui animait contre les montagnes du Bugey
notre vieux Guichenon. Peu charmé du haut style de ce pays et
de l'imprévu qui s'y rencontre à chaque pas, l'enfant de la grasse
province mâconnaise ne parlait qu'avec horreur et mépris de ces
rochers affreux. Il réservait toute son admiration pour les plai-
 nes , et allait jusqu'à donner les plus belles épithètes à cette
 odieuse mer de cailloux qu'on nomme le Bas-Bugey, et dont le
 souvenir seul nous altère et nous lasse au coin de notre feu.
 En revanche, nous avons pour nous le Poussin, le Guaspre, et
 d'autres artistes de cette portée. Nous ne retrouvons , il est
vrai, dans leurs œuvres immortelles, ni la puissante échine du
Suerme ni les sublimes escarpements de la vallée des Cascades,
 mais leurs motifs de paysages rappellent à chaque instant les
 nôtres.
    Ces grands hommes qui n'avaient qu'une affection médiocre
 pour les petits moulins, les sapins couverts de mousse et les gla-
 ciers , aujourd'hui si fort à la mode, auraient sans doute de-