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328 FRÉDÉRIC OZANAM. adressa aux électeurs du département du Rhône une profession de foi qui se ressent de l'époque et des espérances trop vives, des illusions auxquelles bien d'autres que lui se laissèrent si facilement aller. Il y avait dans cette pièce des théories qui n'au- raient rien de dangereux avec des âmes chrétiennes comme celle d'Ozanam, mais qui mènent loin des esprits frivoles et in- crédules. Ozanam prit part à la rédaction du journal l'Ère nouvelle, fondé par le P. Lacordaire, et y publia des articles d'un sérieux intérêt, notamment un travail sur le divorce, qui parut au mo- ment où des pétitions insensées redemandaient l'anarchie dans la famille et dans la société. Pendant sa mission scientifique dont nous avons parlé, Oza- nam recueillit les matériaux d'un livre qu'il publia en 1850, les Documents inédits pour servir à l'histoire littéraire d'Italie depuis le vai e siècle jusqu'au à I I F . Ce volume présente de vérita- bles richesses et beaucoup d'aperçus nouveaux, beaucoup de pièces tout à fait inconnues. On doit à cette même mission un autre livre qui parut en 1852, les poètes franciscains en Italie au xm e siècle. Comment résister à de si longs, à de si pénibles travaux ? 11 aurait fallu renoncer à toute étude sérieuse, mais cette âme ar- dente et passionnée pour la vérité ne pouvait se priver de cet aliment intellectuel de la science. Cette dévorante activité l'usa en quelques années. Ozanam alla une dernière fois, au mois d'août de l'année passée, demander la santé au ciel trompeur de l'Italie. Cette année toutefois ne s'écoula point pour lui dans un stérile repos ; le religieux voyageur fonda plusieurs conférences de St-Vincent de Paul, et prit la parole au milieu de ces réunions pour les di- riger et leur imprimer le véritable esprit de l'association. Le séjour de Pise ne lui rendit pas la santé. Une maladie aux reins, qui avait fini par paralyser son organisation tout entière, fit de rapides progrès et ne laissa plus d'espoir sur le rétablis- sement de sa santé. Ozanam voulut mourir dans sa patrie, et, comme Audin avantlui, il rentra sans pouvoir aller jusqu'au bout.