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316 FOURVIÈRES. des touristes et des commis-voyageurs. Un pont antique, pons palalinus, dont plusieurs arches manquent, et qui produisait le plus admirable effet, vient d'être réaccordé à la rive gauche du Tibre par une misérable travée de pont suspendu, aboutissant en face du temple de la Fortune-Virile, fondé par Servius Tul- lius, et près de l'embouchure delà grande Cloaque, souvenir des deux Tarquins. Les archéologues et les artistes ont gémi de cette profanation, mais la foule a été satisfaite. Trois autres ponts sus- pendus sont projetés sur le fleuve , qui bientôt cessera d'être le Tybris cœlo gratissimus amnis. VIRG. Mneid. v m , 64. Le quartier de Ripagrande, illustré par les vestiges du pons Sublicius, est menacé de voir disparaître les dernières traces du souvenir de Porsenna et d'Horatius Coclès. En effet, un de ces ponts lui est destiné, et si la compagnie chargée de le construire trouve son avantage à utiliser les fondations antiques, elle ven- dra sans scrupule toute la gloire du héros pour quelques centai- nes de piastres. Les constructeurs de ponts de notre temps ne sont plus des pontifices, et leur seul culte est celui des actions. La malheureuse Rome est envahie par une foule de progressistes de toute espèce. Ces vertueux philantropes déclament sans cesse contre l'apathie romaine, vantent leurs magnifiques idées, et promettent de rendre l'illustre ville aussi prosaïque que New- Yorck ou Philadelphie. Quand ils l'auront dépouillée de sa dou- ble couronne artistique et religieuse, ils la doteront d'une bourse, admirable institution inconnue des Romains, et ils la placeront peut-être dans le panthéon d'Agrippa. L'entreprise des Jésuites n'a donc été qu'un accident bien na- turel , au milieu des tendances de notre siècle. Lisez les jour- naux : ils prêtent sérieusement leurs colonnes aux projets les plus étranges. On a proposé dernièrement, dans une feuille de notre ville, de se débarrasser du Rhône et de le faire passer bien loin de son lit actuel, dans lequel on bâtirait des rues en ligne droite et une bourse.—C'est le monument indispensable à la civilisation contemporaine. — Comme la spéculation matérielle est capable de tout, et que depuis longtemps nous sommes ha- bitués à la voir fonctionner, cette idée n'a pas même excité