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286 NOTICE SUR SAINT-RAMBERT-DE-JOUX. sieurs châteaux de la province qui commandaient les passages, entr'autres, ceux de Rossillon, de Saint-Denys et de Saint-Ram- bert. Celui-ci connu dans la localité sous le nom de Cornillon, et inoins étendu que les deux premiers, vit tomber sous la mine et le pic des maçons le hardi donjon que quatre siècles avaient res- pecté ; nous en reparlerons plus loin. On cite parmi les faits remarquables de notre histoire locale, le passage de Mandrin avec sa troupe, à la suite de son affaire de Bourg. Si l'on en croit la tradition, les habitants de Saint- Rambert y auraient trouvé l'occasion de déployer à la fois du courage militaire et de la fermeté diplomatique. Après s'être re- posé quelque temps, sur les bords de l'Albarine, autour d'un grangeon dont la porte servit, dit-on, de cible à ses tireurs , l'illustre bandit serait venu pour traverser la ville avec l'intention d'y faire un séjour de quelques heures. Les Rambertois redou- tant les hauts faits habituels de la petite armée qu'il menait avec lui, résolurent d'empêcher cette violation de leur territoire. Us s'embusquèrent à l'ouest de l'église dans les rochers qui com- mandent la route, et de là commencèrent un feu très vif sur les contrebandiers. Quelques personnes disent que bien que la rare- té des armes rendît la fusillade peu animée , la démonstration n'en fut pas moins énergique. Mandrin qui n'avait en ce moment que des intentions pacifiques, et dont le but, d'ailleurs , n'était pas de se rendre odieux aux habitants des frontières, demanda à parlementer. 11 rendit justice au courage des gens de Saint-Ram- bert, puis il s'engagea sur l'honneur à respecter la neutralité de la ville. Ses soldats n'entreraient dans aucune maison, s'abstien- draient de tout désordre et payeraient comptant chaque objet dont ils auraient besoin. Les précautions oratoires du chef de brigands avaient déjà calmé plus d'une susceptibilité; la pro- messe d'acheter, etles contrebandiers ne marchandent pas, acheva de lui rendre favorables les boutiquiers, c'est-à -dire la majorité de la ville. Les chevaux de la troupe furent attachés sous les halles, pendant que les cavaliers se rafraîchissaient, et plus d'un Rambertois fraternisa avec plus d'un héros de grand chemin. • Mais ce n'étaient plus des bandits, c'étaient d'intrépides contre-