page suivante »
NOTICE SUR SAINT-IUMISEUT-DE-JOUX. 27» pens de l'abbaye de Saint-Rambert. S'en tinrent-ils à de loyales acquisitions, employèrent-ils la ruse, ou simplement la terreur de leur nom, c'est ce qu'il nous est impossible de décider ; nous croyons par analogie qu'ils trouvèrent le succès dans une heu- reuse combinaison de ces trois grands moyens. Nous n'avons qu'à ouvrir l'histoire du Lyonnais et des pays voisins, pour voir, de même, les petites souverainetés laïques et religieuses, princi- palement les droits de justice et de monnayage, échapper succes- sivement et de différentes manières à leurs possesseurs. Enfin, l'on retrouve dans Guichenon ou dans les recherches de M. de La Teyssonnière , cent exemples de seigneurs quelquefois très- puissants qui cèdent la propriété ou la suzeraineté de leurs do- maines à d'autres grands personnages , surtout aux ducs de Savoie. Les abbés firent souvent de même. En effet, ils acqué- raient par des transactions de ce genre une protection qu'ils ne trouvaient plus dans leurs propres forces, depuis que les che- valiers maîtres du pays avaient détruit l'équilibre en sacrifiant leur indépendance. Quoi qu'il en soit, les abbés de Saint-Rambert n'étaient plus au XVe siècle que de petits seigneurs. Une grande partie de leur ancien domaine leur avait échappé. Les droits qu'ils avaient d'a- bord sur Oncieu, Argis, Tenay, Arandas, Clevzieu, Torcieu et Saint-Rambert, avaient passé en d'autres mains. L'abbaye nom- mait encore les curés de ces paroisses, mais elle n'était plus pro- priétaire du sol que pour de minimes portions. Enfin sa mise en commende qui arriva au commencement du XVIe siècle lui porta le dernier coup. Guichenon se plaignait en 1650 de l'incurie des religieux qui avaient laissé tomber dans la misère une maison jadis si richement dotée. Lors de la suppression des ordres reli- gieux, elle ne comptait plus que six mansionnaires qui vivaient sans luxe et un abbé commendataire qui ne vit peut être jamais le chef-lieu de son bénéfice. Le monument même de l'abbaye ne survécut pas longtemps à l'institution. Mutilé d'abord au com- mencement de la révolution, il fut partagé ensuite en différents lots et vendu comme bien national, avec les jardins et terrains qui en dépendaient. Les nouveaux propriétaires ne se firent aucun