page suivante »
nécrologie MICHEL GROBON. Lyon vient de perdre encore un des plus beaux fleurons de s:i couronne artistique. Michel Grobon n'est plus. Notre habile pay- sagiste s'est éteint le 2 septembre 1853 à l'âge de 83 ans, dans'la maison de campagne qu'il possédait à la montée Saint-Laurent et où il vivait, depuis quelques années, fort retiré du monde. 11 était né à Lyon en 1770. Nous avons déjà publié, dans cette Revue même, sur lui et de son vivant, une notice biographi- que que Fleury Richard, de regrettable mémoire, écrivit à notre demande, et nous y renvoyons nos lecteurs. Michel Grobon était fils d'un teinturier de notre ville. Son père le fit entrer de bonne heure à l'école de dessin du palais Saint- Pierre. 11 y fut l'élève de Grognard pour la peinture, et reçut de J.-J. de Boissieu des leçons de gravure. Dunouy (1), le peintre de paysages, à son passage à Lyon, en revenant d'Italie, lui donna quelques conseils, mais Grobon ne se laissa pas entraîner dans la voie de ce maître, au coloris terne et monotone, et se mit à étudier consciencieusement la nature. Professeur à notre Ecole de peinture , il contribua, peut-être trop, à inspirer aux élèves qu'il a formés, le goût et le iîni pré- cieux des peintres flamands et hollandais. Il mettait dans la re- production de la nature une exactitude trop réaliste si je puis m'exprimer ainsi ; il voyait plus les contours et l'ensemble d'un paysage que son côté poétique et lumineux. Sa place est néan- moins marquée à la tête de nos meilleurs artistes. Ses dessins à la mine de plomb, ses eaux fortes sont remarquables par la finesse d'exécution. Ses tableaux auxquels il consacrait beaucoup de temps sont peu nombreux, et fort recherchés. Notre Musée en possède quelques-uns très-intéressants pour nous, car ils représentent des vues du vieux Lyon et de nos environs. La galerie de notre compatriote , M. Charles Michel, en renferme aussi de fort beaux. Us sont appelés, dans la pensée de leur gé- néreux possesseur , à aller rejoindre un jour ceux du Musée. Vers les dernières années de sa vie, Michel Grobon, mu par une singulière préoccupation, rachetait tous ceux de ses tableaux qu'il rencontrait chez les marchands ou les amateurs disposés à les lui céder et cela dans l'intention de les retoucher. Hélas ! les retoucher à son âge, c'était évidemment leur faire plus de tort que de bien. Ce dernier trait peint l'homme, il n'était jamais content de son œuvre. Dans les arts, comme dans la vie, ne pour- suivons-nous pas toujours un idéal qui toujours nous échappe ? Léon BOITEL. (1) Alexandre Hyacinthe Dunouy, élève de Briand, élait né à Paris en 1757. Il rapporta d'Italie, où il fit la plupart de ses tableaux, des sites dont on admire la beauté et la richesse des lignes. Il y grava trente paysages à l'eau forte. En 1819 et 1827 il obtint des médailles d'honneur , et il exposa de .1800 à 1830. Son portrait a élé gravé à l'eau forte par Dupré.