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PÉLOPONÈSE. 255 couvents du mont Athos , se retrouvent pendues aux murailles dans toutes les habitations des Grecs , et ont remplacé chez eux les dieux qui présidaient autrefois à leurs foyers domestiques. La jeune femme entretenait sans cesse devant la Madone un cierge allumé qu'elle venait, à chaque instant, redresser ou renouveler ; et ce soin l'absorbait tellement qu'elle ne paraissait même pas s'apercevoir de ma présence. Avant de se coucher, elle vint en outre allumer une petite lampe en cuivre qui oscillait à côté du cierge, et dont la pâle et pieuse lumière me tint long-temps éveillé. III. LARISSA. Le lendemain matin je montai à l'acropole d'Argos, qui por- tait le nom de Larissa. C'est un rocher pointu , d'une grande élévation, qui domine tous les pays environnants ; les dieux qui l'habitaient voyaient ainsi à leurs pieds la foule de leurs adora- teurs, et ceux-ci n'avaient qu'à lever les yeux pour s'introduire en esprit auprès des autels. L'acropole se transforma plus tard en citadelle , et les hommes se fortifièrent sur ces hauteurs sa- crées, quand les dieux en furent descendus. On ne rencontre plus, dans la Larisse, que quelques portions de murailles cyclo- péennes qui ont servi de base au mur d'enceinte des Vénitiens ; quatre belles citernes antiques se font aussi remarquer à travers les débris amoncelés des tours et des casernes du moyen-âge. Si l'on monte avec peine au sommet de la citadelle, on en redescend plus difficilement encore, car le moindre choc fait rouler sur le penchant rapide de la colline les fragments de roches et les ruines mouvantes sur lesquelles on marche. Le siège qu'eut à subir la citadelle de Larissa, pendant les guerres de l'Indépendance , est célèbre dans les fastes de la nouvelle Grèce. Mohammed Dramali, lieutenant de Kourchid Pacha, venait d'être nommé vizir de Morée. Il jouissait d'une