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                    ÉTUDE SUR FRAYSSINOUS.                      233
    Frayssinous parle ainsi une langue d'une noble et harmo-
 nieuse simplicité, d'une netteté remarquable. Sans avoir les allu-
 res conquérantes , les rapprochements inattendus, les coups
 d'éclat du P. Lacordaire , sans descendre aussi avant dans son
 sujet, sans être aussi varié que le brillant et ingénieux Domini-
cain, il embrasse en général assez bien les différentes faces
d'une question, les considère avec méthode, et s'il ne s'élève
jamais très-haut, jamais non plus ne consent à descendre trop
bas. Frayssinous n'a pas de ces endroits merveilleux qui émeu-
vent, soulèvent un lecteur cultivé, mais il est plus accessible au
commun des intelligences, et c'est une des qualités qui lui assu-
rent un succès durable.
    Il y a, dans les conférences de Frayssinous, certains points
qui ont perdu de leur nouveauté , de leur à-propos en quelque
sorte et par conséquent de leur mérite premier. Ainsi, en 1809,
il s'était servi avec avantage de ces savantes leçons de Cuvier
sur les ossements fossiles, et y avait trouvé de fortes preuves à
l'appui de la chronologie biblique et de la véracité du récit de
Moïse ; ce qui était neuf alors et piquant dans une chaire chré-
tienne , est aujourd'hui devenu familier et comme vulgaire.
Frayssinous recherchait tout ce qui pouvait l'instruire sur les
questions scientifiques, et on le vit une fois venir au cours de
l'abbé Haùy, professeur de minéralogie au Muséum d'histoire
naturelle, démarche dont le célèbre physicien remercia l'orateur
de Saint-Sulpice, et dont il se disait honoré.
    Pourtant, le scrupule et le zèle de Frayssinous ne l'ont pas
toujours préservé de tout achoppement dans des appréciations
historiques moins ardues que celles où il avait été si heureux
sur les traces de Cuvier. Et, par exemple, n'y a-t-il pas de quoi
s'étonner, lorsqu'on l'entend dire qu'il abandonne sans réserve
aucune le Tribunal de l'Inquisition à la vindicte de l'histoire, à
la censure des protestants et des incrédules ? On a justement re-
levé la trop grande généralité de cette concession (I). 11 était fa-
cile de trouver dans l'origine et dans les attributions de ce Tri-

  (1) Voir le Correspondant, tom. XXV, pag. 447