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ÉTUDE SUR FRAYSSINOUS. 231 rel ; on n'a pas de peine à l'y suivre, et il rend les sentiers ai- mables. Le plus souvent il s'adresse à la jeunesse , et il a le secret, sans condescendance regrettable ni flagornerie, de lui tenir un langage insinuant. C'est ainsi que, à la fin du discours sur l'exis- tence de Dieu prouvée par l'ordre de la nature, il dit en forme de péroraison : « Vous êtes jeunes pour la plupart ; vos âmes encore neuves ne sont ni flgtries par le venin d'un athéisme enraciné, ni dessé- chées par les calculs de l'intérêt, ni endurcies par le long usage des plaisirs ; vous êtes dans cet âge brillant où une imagination plus ardente, un cœur plus sensible et plus loyal disposent à se laisser mieux pénétrer aux traits du sentiment et de la vérité. Eh bien ! si jamais, fermant les livres et oubliant tous les rai- sonnements , vous avez contemplé quelques-unes des grandes scènes de la nature, avez-vous pu vous défendre d'une émotion profonde? N'avez-vous pas été ravis comme dans une espèce d'enchantement, et du fond de vos cœurs ne vous est-il pas échappé ce cri de vérité : Que tes œuvres sont belles et magnifi- ques , Dieu tout-puissant ! Quam magnificata stmt opéra tua, Domine (1).' Oui, voulons-nous goûter et sentir vivement ces douces et profondes émotions qui élèvent jusqu'à la Divinité? sor- tons du milieu de nos cités, de nos palais, des dépôts de nos ri- chesses littéraires et de toutes les œuvres de notre industrie ; je ne veux chercher la nature ni dans le laboratoire du savant, ni dans les cabinets des curieux, ni dans ce qui ne fait qu'attes- ter le pouvoir et le génie de l'homme ; non, je ne vous condui- rai point auprès de cette enceinte qui renferme des animaux d'Afrique et d'Asie, ou des habitants de nos forêts, dont nous*' avons enchaîné la sauvage liberté. L'aigle prisonnier peut bien attirer mes regards ; mais, dans cet état de dégradation, il n'a plus rien qui me touche, et peut-être me sentirais-je ému, si je voyais le roi des airs s'élever d'un vol rapide et majestueux vers le séjour du tonnerre. Je ne vous dirai pas de vous ar- Ps. cm, 24.