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H6 ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. l'occasion de symptômes alarmants qui, dès 1824, menacèrent ses jours. C'était désormais la maladie de ceux dont le génie palpile dans l'âme. Le premier remède se rencontrait dans une inertie morale dont la pratique était difficile à une per- sonne telle que Suchet, toujours prête à s'enflammer d'ar- deur pour la gloire, d'enthousiasme pour le bien, d'indigna- tion contre l'injustice. On lui avait fait espérer que sa vie se prolongerait aux doux rayons du soleil de Provence; et, vers la fin de l'année 1825, il s'était rendu avec son épouse au château de la Earonnie de Saint-Joseph, territoire de Marseille, habité et possédé par son beau-père. A son pas- sage dans la cité natale, il eut recours à la médecine lyon- naise. Elle parut un instant procurer quelque soulagement à ses douleurs. Etait-ce chez lui le plaisir de se trouver près de son berceau? Mais ces douleurs, après son départ, r e - doublèrent avec intensité, et le rayon d'espérance qui avait un instant brillé s'éteignit tout a coup. Les détails de ses derniers moments offrirent une foule de circonstances pathétiques et déchirantes. On put apprécier alors son courage au milieu des tortures du mal physique, et les soins touchants de toute sa famille et l'héroïque dé- voûment de son épouse. Une sécurité de quelques jours e n - core avait été suivie d'un danger sans espérance; le malade tou- chait à ces dernières heures de la vie où la voix de l'âme prend plus de mélancolie et de solennité, comme les bruits du soir dans une nature qui va se taire et s'éteindre. Au milieu des promesses divines de la religion, ses dernières pensées obs- curcies des ombres de la mort n"eurent que peu de temps pour s'arrêter sur la douleur de sa respectable épouse, amour et gloire de sa jeunesse, délices et orgueil de sa vie ; sur le deuil de ses enfants, joie et perpétuel souci de son âme, qui ne vivaient que de son aiï'ection. 11 porta leur image dans son dernier regard comme dans sa dernière aspiration. G?