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178                       LE RÉVEIL.

  Hâtez-vous, douce enfant, folle tête rieuse,
  Brune enfant de seize ans et déjà sérieuse ;
  Il est toujours si bon de respirer un peu
  L'air vital, le grand air, le bon air du bon Dieu.


 C'est l'heure où, chaque soir, en groupe de famille,
 Vous prenez le chemin de la vieille charmille
 Dont l'ombre plus épaisse et les fraîches senteurs
 Appellent les oiseaux et les couples conteurs.
 C'est une heure attendue et qui toujours rassemble,
 En cercle plus étroit, ceux qui vivent ensemble,
 Que la journée isole, et qui veulent, le soir,
 Se rejoignant enfin, se parler et se voir.
 L'hiver, c'est le foyer qui, de leurs causeries,
 Abrite et réjouit les douces rêveries ;
 Mais l'été, c'est le ciel, le ciel calme et profond,
 Le grand ciel azuré qui leur sert de plafond.


 La charmille est épaisse et le banc vert de mousse,
 Jamais, sous dais plus riche, ottomane plus douce,
 Au rêveur amoureux d'ombre et de liberté,
 Ne promit, loin du jour, un nid plus abrité.
 C'est là que vous goûtez, loin du reste du monde,
 Tous les trois réunis dans une paix profonde,
 Ce suave bonheur qui rend le front joyeux,
 Qui dilate le cœur, et que disent les yeux ;
 Ce bonheur, doux soleil des paisibles demeures,
 Hôte de tous les jours et de toutes les heures,
 Qui naît de l'union et du bonheur de tous,
 Et peut-être le seul qui n'ait pas de jaloux.


 Oh ! le tableau charmant ! auprès de vous assise,
 Caressant vos cheveux qu'a dénoué la brise,
 Votre mère encor jeune et pleine de douceur,