Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
              ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET.                  121

allait égaler le courage, car il fit respecter les droits de l'hu-
manité au milieu d'une guerre furieuse.
    La ville avait repoussé deux assauts, et continuait d'être
battue en brèche, lorsque le général Black, qui commandait
dans Valence se présenta tout à coup à la tête de 30,000
hommes pour la secourir. Il était bien aise aussi de réparer
l'échec de Maria et de Belchite. Suchet deux fois repoussé
ramena deux fois la victoire à ses aigles, et Black fut entière-
ment défait, à la vue même de Sagonte qui capitula et donna
son nom à cette mémorable bataille, où le maréchal fut blessé
à l'épaule. Black rentra dans Valence et Sagonte capitula.
   L'armée du maréchal devait être renforcée vers ce temps-
là par des corps détachés. Le corps de réserve de la Navarre
l'ayant rejoint, alors, sans attendre la division du Portugal,
il passa le Guadalquivir, et investit Valence le même jour.
   Valence qui donne son nom à la province, est l'une des
plus belles et des plus importantes cités de l'Espagne-, elle est
traversée par le Guadalquivir ou le Betis des anciens. On est
étonné de la beauté des campagnes, de la richesse de la cul-
ture, et de la vigueur de la végétation dans toute l'étendue
que l'Å“il peut parcourir.
   La population de cette grande ville qui est ordinairement
de 70,000 âmes, s'élevait à près de 200,000 , dans le mo-
ment où Suchet faisait ses opérations de siège. La place étant
fortifiée par tant de travaux et défendue par tant de soldats,
on pouvait craindre qu'il ne la fallût acheter par des sacrifi-
ces proportionnés à son importance, mais Suchet pressa vive-
ment le siège, le conduisit avec talent et habileté. L'intrépide
maréchal était toujours le premier soldat à cheval de l'empire:
bien que le feu des batailles l'enivrât, la douceur de son âme
lui faisait cependant répugner au sang et aux horreurs d'une
guerre furieuse. Ce qu'il voulait à la tête de son armée , ce
n'était pas la mort, c'était la fuite de l'ennemi et la victoire.