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H4 ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. soldats à Paris; sa langue et son génie nous avaient donné Corneille. Enfin l'Espagne, conquérante en Amérique et dans les Indes disait que le soleil ne se couchait pas sur ses états. Au cinq mai 1808, le traité de Bayonne céda à Napoléon, au nom de Charles IV, tous les droits de ce monarque. On blâmait l'entreprise qui allait être le résultat de ce traité tenu secret pendant quelque temps, car elle semblait devoir ajou- ter de nouveaux poids au lourd fardeau dont l'empire était chargé. On blâmait la forme qui n'était qu'une perfidie en- vers de malheureux princes hébétés et impuissants ; de toutes parts on disait qu'il y avait là un gouffre où viendraient s'en- fouir beaucoup d'argent, beaucoup d'hommes, pour un ré- sultat fort incertain. Lorsqu'ensuiie on venait à considérer celte nation espagnole d'où allaient partir des cris d'une haine implacable contre la France, l'inquiétude devenait extrême. En voyant le nouveau roi Ferdinand Vil obligé d'aller chercher en France la reconnaissance de son litre royal, les Espagnols avaient été promptemenl éclairés sur ce qui allait se faire à Bayonne, et une haine ardente s'était tout à coup allu- mée dans leurs cœurs. Tous, il esl vrai, ne partageaient pas ce sentiment au môme degré. Les classes élevées et même les classes moyennes, appréciant le bien qui pouvait résulter d'une régénération de l'Espagne par les mains civilisatrices de Napoléon, animées contre l'étranger de sentiments moins sauvages que ceux du peuple, d'ailleurs moins portées que lui à l'agitation , ne souffraient que dans leur fierté , vivement blessée de la manière dont on entendait disposer de leur sort. Cependanl, avec des égards, un déploiement subit et irrésis- tible de forces, on les aurait contenues , et peut-être même eût-on fini par les ramener. Mais le peuple fut jeté dans une vive exaspération ; ce peuple espagnol allait déployer pour le soutien de l'ancien régime toutes les passions démagogiques. Mais on avait compté sur le génie de Napoléon , toujours