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                 ÉLECTION D'UN ABBÉ DE SA.V1GKY.                         109

   Aussitôt que le vote fut terminé, les scrutateurs rentrèrent
dans le chapitre, et en firent connaître le résultat par la voix du
prieur de Courzieux. Cela fait, Louis le Toux déclara reporter sur
Jean d'Albon la voix que celui-ei lui avait donnée. Le prieur de
Courzieux, du consentement de ses deux collègues, tit alors le
dépouillement du scrutin devant tout le chapitre, et après avoir
fini, s'exprima ainsi ;
   « Seigneurs, mes frères, je trouve 53 votants (y compris 8 pro-
curations). Sur ce nombre, 33 ont voté pour le frère Jean
d'Albon, 19 pour Antoine de Balzac, 1 pour Louis le Toux,
comme vous pouvez le vérifier sur le registre. On voit que la plus
grande partie s'est prononcée pour Jean d'Albon, et suivant la
raison, ce nombre doit être préféré ; il doit l'être aussi pour son
mérite ; car ceux qui ont nommé ce dernier sont les plus anciens
et les plus notables, et parmi eux se trouvent le plus grand
nombre de dignitaires et d'officiers. Ils ne lui sont d'ailleurs ni
parents ni alliés, et il ne paraît pas qu'il y ait eu pour ce vote
aucune prière ou promesse faite. Au contraire, ceux qui ont voté
pour Antoine de Balzac sont en plus petit nombre, et, pour la
plus grande partie, des plus jeunes frères et des moins titrés,
n'ayant pas une grande habitude des affaires de l'abbaye. La
raison veut donc que nous préférions Jean d'Albon, car il est
d'un nom illustre, de bonne vie et mœurs, d'âge convenable, de
noble race et de naissance légitime, prêtre, bachelier en droit ,
bien connu dans l'abbaye, qu'il gouverne depuis longtemps au
nom de frère Guillaume d'Albon, et pourrait, au besoin, subvenir
aux nécessités de l'abbaye. Quant au frère de Balzac, quoiqu'il
soit honnête homme et gradué, cependant il est d'un moindre
mérite. Pour le frère Louis le Toux, il ne peut en être question
ici, car il n'a qu'une voix, et la reporte sur Jean d'Albon. »


pul-il pas donner le nom de celui pour lequel il volait; il ne se rappela que
son litre de prieur d'Ambierle (priorcm Ambertœ, quem aliter nominare ne-
scirem). Il avait oublié une partie de la leçon qu'on lui avait faite. Le der-
nier électeur de Jean d'Albon était à peu près dans le même cas : il ne put
donner que le litre de prieur de Mornwtt.