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96 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE la limite des Voconces, et côtoyant toujours l'Allobrogie qui lui était favorable ; qu'il traversa avec grande difficulté le torrent du Drac; qu'il suivit la vallée du Grésivaudan jusqu'à Montmeillan, qu'alors ayant détourné à droite et parcouru la vallée de l'Arc, i' commença l'ascension du Mont-Cenis , où il rencontra des en- nemis et de grands obstacles ; qu'après ces dix jours de marche indiqués par Polybe, il en mit neuf autres à gravir ; qu'en défi- nitive, arrivé au sommet du Mont-Cenis, après dix-neuf jours , temps encore indiqué par Polybe, il put, comme les historiens l'affirment, camper pendant deux jours sur le plateau de la mon- tagne , qui a six kilomètres de longueur et un de largeur ; qu'en descendant par l'ancienne route que les piétons suivent encore , il put, pendant trois heures, apercevoir les plaines que le Pô ar- rose, et les montrer à ses soldats ; et qu'il arriva ainsi à peu de distance de Turin. Ceux qui sont surpris de voir qu'Annibal, après avoir passé le Rhône, chemine vers le nord , au lieu d'aller directement à l'est, s'étonnent de ce qui n'étonna ni Polybe ni Tite-Live. Ils ne réfléchissent pas qu'un consul romain était déjà débarqué à Marseille avec des troupes (1) ; qu'il arriva au lieu même, où le passage du Rhône s'était effectué, trois jours après qu'Annibal en était parti; qu'il y eut un engagement de cavalerie entre les Nu- mides et les avant-postes de Scipion (2); que la province romaine pouvait et devait susciter de grands obstacles aux Carthaginois ; qu'enfin, Annibal s'était assuré de l'affection des Allobroges et même des Roïens du nord de l'Italie, et qu'il lui importait extrê- mement de se rapprocher le plus possible de ces peuples belli- queux pour s'en faire un appui et s'y recruter au besoin. Ses es- pérances ne furent pas sans déception , car les Allobroges se dé- clarèrent contre lui et le combattirent quand il eut passé leur (1) Scipion, qui allait en Espagne avec soixante vaisseaux longs, était arrivé à Marseille quand Annibal se préparait à passer le Rhône. (2) Dans ce combat, le nombre des morts fut à peu près égal de part et d'autre, et ce ne fut qu'après une résistance opiniâtre que les Numides prirent la fuite. (Rollin , hisl. Rom., liv. xm.)