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                  BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.                      85
ment de l'exagération. Mais l'exagération qui, eu parlant de ces
prétentions au merveilleux affirmerait que « tout le moyen-âge
vivait là-dessus ; » celle encore qui, pour nous rappeler à l'étude
sérieuse de notre pays, déclarerait que « nous connaissons moins
la France que la Chine et l'Océanie, » seraient encore plus grandes.
Supposons, par exemple, que cette dernière assertion soit prise
au sérieux par nos descendants, et qu'ils voient en regard le
chiffre des voyageurs qui journellement sillonnent la France sur
tous les chemins de fer; quelle idée pensons-nous qu'ils se fas-
sent de notre intelligence ? Il est bien permis de croire, d'ail-
leurs, que, si Aymar avait revu son manuscrit, il aurait exercé
sur ces traditions hasardées une sage critique, comme fait tou-
jours un écrivain raisonnable, quand la chaleur de la composi-
 tion s'est refroidie.
   D'un autre côté, le reproche d'indifférence en matière histo-
rique, quelquefois adressé à notre génération, ne nous parait
pas fondé en présence des ouvrages remarquables qui, depuis
un demi-siècle, ont éclairé nos annales nationales. Si le zèle en
ce point n'est ni aussi général ni porté aussi loin qu'on pourrait
le désirer, peut-être faut-il l'attribuer à deux causes que l'on
ne soupçonne peut-être pas, mais que nous nous permettrons
de signaler.
   Des notions générales de l'histoire moderne, prises à un point
de vue élevé, comme celles que Bossuet entreprenait de donner à
son illustre élève, sont aujourd'hui un élément nécessaire d'une
éducation soignée ; pourvu que ce genre d'enseignement, si at-
trayant par lui-même, soit sagement limité et n'anticipe pas sur
tant d'autres études indispensables au jeune âge. Mais si l'ensei-
gnement historique prend une trop grande extension, s'il se déve-
loppe prématurément et aux dépens des notions purement litté
raires et des langues anciennes, si fécondes pour la culture de
l'esprit et du cœur, si on en fait trop tôt une étude de chiffres
et de faits secondaires, qu'arrive-t-il ? on a en quelque sorte dé-
floré un sujet si digne de captiver plus tard les plus nobles ins-
tincts de l'âme, on en a inspiré le dégoût ; on a émoussé cette
pointe de curiosité qui fait que dans un âge mûr l'histoire d*e-