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82                BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,

 « tembre 1032), » réunion qui fut plutôt nominale que réelle.
    Quoiqu'il en soit, cette période historique qui touche de si
 près aux contrées que nous habitons, est assurément très^impor-
 tante. On reconnaît qu'Aymar « débrouilla plus nettement que
 « beaucoup d'historiens, même plus récents, cette époque singu-
 « lièrement confuse de notre histoire. » Sous ce rapport même,
il lui reste une gloire qui n'est pas médiocre, puisque c'est à lui,
en définitive, « que revient l'honneur d'avoir porté, le premier,
 « quelque lumière sur cette partie obscure de nos annales. >      •
Les deux feuillets qui manquent au manuscrit, à l'année
1512, pouvaient nous donner des détails sur l'impression que
dut faire la bataille de Ravenne aux populations voisines des
Alpes, et sur la marche des Suisses vers Dijon ; mais d'autres
écrivains auront sans doute recueilli ces circonstances de l'his-
toire générale.
   Évidemment, il est à bien juste titre historien des époques qui
l'ont précédé. Cependant, c'est comme annaliste des événements
de son temps qu'il nous intéresse au plus haut degré. A nos yeux,
il est surtout auteur de mémoires et auteur infiniment estimable
à cause de son savoir, de sa bonne foi, des importantes rela-
tions que son rang, son caractère, sa fortune l'ont mis à même de
former. Tl parle quelquefois de lui ; mais, comme les plus sages
chroniqueurs, il n'en parle guère qu'autant qu'il faut pour mon-
trer qu'il était témoin des événements qu'il énonce. S'étonne-
rait-on, par exemple, qu'en racontant les exploits de François I er
en Italie, il se soit interrompu pour écrire quelques mots de
regrets sur le jeune enfant de six ans qu'il venait de perdre ? Pas
un père malheureux ne sera surpris de cette interruption. Elle
prouve une fois de plus que son cœur conduisait sa plume ; elle
est une garantie nouvelle de sa sincérité. Peut-on lui reprocher
d'avoir mis sa personne trop en relief, quand nous ne connais-
sons pas plus l'année précise de sa naissance que celle de sa mort?
Mais on l'accuse de trop parler de son bonheur conjugal. En effet,
de nos jours on procède d'une autre façon ; tout écrivain qui parle
de soi. eût-il une existence assez confortable, doit se dire mal-
heureux et paraître avoir bu jusqu'à la lie le calice d'amertume.