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66                          PÉLOPONÈSE.
 relient ensemble par des pentes harmonieuses et forment une
 longue ligne qui se termine à l'horizon comme une veine bleue.
 Malgré les tremblements de terre qui ont secoué le sol à plusieurs
 reprises, aucun accident brusque et inattendu ne se fait remar-
 quer dans leur conformation. Le soir , quand le soleil dore leur
 cime de ses derniers rayons et que de subtiles"vapeurs surgissent
à leur base, on dirait un immense bûcher achevant de se consu-
mer à travers les siècles sur des cendres de héros. Des bosquets
 de citronniers et d'orangers s'étendent dans la plaine jusqu'au
pied du Taygète et répandent dans l'air de délicieuses odeurs.
Où retrouver, au sein de cette voluptueuse nature, la sombre
figure de la Sparte historique ? On oublie l'existence orageuse de
 Lacédémone pour ne songer qu'à la molle et poétique jeunesse
de Pénélope et d'Hélène. Le caractère opposé se révèle au cou-
chant. De ce côté, le Taygète dresse ses cinq sommets, cônes
menaçants, dernière image des camps doriens, semblables à cinq
tentes qui laissent tomber le long des supports leurs plis mor-
nes et rugueux, dans le sein desquels s'agitent les soldats et se
préparent les batailles. Sur ces monts fendus par les tremble-
ments de terre , l'imagination reconnaît, à chacune des cre-
vasses qui les sillonnent, la cicatrice immense laissée au flanc de
la mère par le héros qu'elle enfanta ; à chaque anfractuosité, le
chemin profond creusé sous le pas des races belliqueuses sorties
de leur sein. Sur les cimes solitaires et blanchies par la neige ,
on croit voir errer le génie de Sparte, sombre et désolé, cher-
chant des yeux ses robustes enfants, ses mères inexorables et
ses invincibles phalanges. C'est ainsi que l'austère montagne
et la voluptueuse vallée confondent en une saisissante harmonie
l'histoire et la fable, Lycurgue et Homère.
    La vie et le mouvement renaissent quand on approche de la
nouvelle Sparte, après avoir dépassé un grand monument carré
que l'on regarde, avec plus ou moins de raison, comme le tom-
beau de Léonidas, dont les dépouilles furent rapportées de Ma-
rathon longtemps après sa mort. L'emplacement qu'occupe au-
;
  ourd'hui la ville faisait sans doute partie de la ville d'autrefois.
Sparte porte le titre de seconde ville^du royaume ; quoiqu'elle soit