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48            ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET.

contre-ordre, et fut nommé chef d'élal-major du général en
chef Brune. C'est par ses soins que la solde fut payée, la
discipline raffermie, et l'on put remarquer dans Suchet une
activité constante, une aptitude merveilleuse pour l'admi-
nistration et l'organisation des corps. Il avait aussi le talent
bien rare d'entraîner les troupes par son exemple, et de se
les attacher, autant par sa fermeté dans le maintien de la
discipline que par son empressement à signaler les actions
du soldat et à exaller son ardeur pour la gloire.
    Le Piémont donnait alors des inquiétudes pour la retraite
de l'armée ; Joubert ayant reçu l'ordre d'occuper ce pays à
la fln de l'année 1798, Suchet, son chef d'état-major, pré-
para cette expédition qui, par ses soins éclairés, se termina
sans effusion de sang. Sa conduite dans cette circonstance
fit voir qu'il était l'homme de son siècle à qui le ciel avait
accordé de meilleure heure la prudence. Il était alors parvenu
à l'âge de 27 ans, et se trouvait dans cette situation flat-
teuse, pour un homme qui a l'âme élevée, de voir le chemin
de la gloire ouvert devant lui et la possibilité de faire de
grandes choses.
   Au mois d'avril suivant, détaché de l'armée du Danube
chez les Grisons, il défendit les positions de Davos, de Ber-
gen, de Seplugen, battit l'ennemi qui l'entourait, rejoignit
le gros de l'armée par les sources du Rhin, du Saint-Go-
Ihard, sans être entamé et en passant sur la glace du lac
Oberlaps. On le croyait alors perdu. Masséna, en apprenant
son retour, s'écria : « J'étais bien sûr que Suchet me ramè-
nerait sa brigade. »
   Ce moment fut celui où Suchet donna une grande preuve
de l'esprit d'ordre et de prévoyance qui ne l'abandonna ja-
mais. Occupé à réorganiser l'armée, il se trouva en opposi-
tion avec les commissaires du directoire qui voulaient faire
passer en France les fonds levés en Italie. Suchet qui em-