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ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. 41 de ce foyer terrible, qui, après avoir tant éclairé, allait tant consumer et tant détruire : en ce moment, l'illusion féconde et celte confiance qui accompagne souvent la loyauté lui faisaient croire, comme à bien d'autres, qu'il s'agissait de supprimer les abus et non pas de renverser les institutions. Il n'imaginait point que, pour élaguer les branches mortes d'un arbre séculaire, ont dû porter la hache dans ses racines. Mais il s'était arrêté quand il avait vu le reste. Il savait qu'il faut être honnête homme avant que d'aspirer à la gloire de grand homme : l'honneur ne se trompe jamais de chemin. L'amour de la gloire, les dangers de la patrie et le goût des armes l'emportèrent dans l'âme de Suchet sur la vocation com- merciale; la vie sédentaire du fabricant ne pouvait plus conte- nir cette flamme et celte énergie. L'invasion appelait à l'armée tout ce qu'il y avait encore en France de jeune et d'honnête. Suchet y courut et s'engagea dans la cavalerie lyonnaise. Malgré sa jeunesse, car il entrait dans sa vingt-unième année, il faisait partie de la cavalerie nationale que le dé- partement du Rhône envoyait à la frontière. La guerre ve- nait d'éclater en 1792. Elle appellait les jeunes soldats en- rôlés, et elle allait faire ressortir la bravoure et l'aptitude du jeune volontaire. En quelques mois, il passait par les gra- des de brigadier, de maréchal - des - logis et d'officier. La Révolution mit d'abord quelque discernement dans ses choix. Chaque compagnie, devenue une espèce de Répu- blique militaire, avait le droit d'élection et désignait ses officiers. C'est ainsi qu'à la fin de l'année Suchet passait capitaine d'une compagnie franche de I'Ardèchc, berceau de sa famille, puis chef du 4e bataillon de ce même dépar- lement. Toulon avait, en 1793, ouvert ses porls aux flottes an- glaises. Suchet fut employé au siège de cette ville. Il y com-