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ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. 35 mille traits de leur désintéressement et de leur élévation d'âme. Mais une modestie grave el douce, compagne ordi- naire du vrai mérite , se révélait dans leur maintien comme dans leurs discours. Leurs qualités morales étaient à la hau- teur de leurs facultés intellectuelles. Excellents citoyens , bons pères, tendres époux , amis dévoués , ils s'oubliaient toujours eux-mêmes , el semblaient mettre leur gloire à faire le bonheur de tous ceux qui les entouraient. Maîtres justes el doux , pères des pauvres , hommes vertueux dans toute l'étendue de l'expression , et affables pour tous , on ne pouvait s'empêcher de les aimer en les voyant. Ces deux hommes, également honorables, et entourés de tous les honneurs de leur profession , menaient de front les arts, le commerce el les affaires publiques ; les uns les délas- saient des autres, lis siégèrent dignement dans les assemblées de la cilé. Leur candidature y était toujours accueillie avec la plus vive sympathie ; c'est ainsi qu'ils remplirent les fonc- tions de conseillers de la ville, qu'ils eurent un siège à la Con- servation, très-ancienne juridiction qui décidait des affaires de commerce, et qu'ils furent administrateurs des hospices. Ils ont laissé dans l'esprit de leurs compatriotes des souve- nirs que le lemps n'a point encore effacés. On trouve ces sou- venirs consignés de 1761 à 1785, dans les annales de la cilé. Suchet père , voulant jouir d'une fortune noblement ac- quise, acheta une maison de plaisance sur les bords de la Saône, à Sainl-Ranibert-Flle-Barbe , qu'il prit soin d'em- bellir pour ses heures de loisir. Celle résidence d'été, appe- lée la Mignone, est encore de nos jours regardée, avec la villa de la Sauvagère , sa voisine, comme l'une des plus jo- lies maisons de campagne de cette verdoyante ceinture d'om- breuses villas qui entourent si coquettement la reine du com- merce el des arts (1). (1) Ces villas sont encore toutes peuplées du souvenir de Suchet., d'Aia-