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738                       LA R E V U E LYONNAISE
 nos artistes sont demeurés les maîtres en ce genre et leur suprématie était uni-
versellement reconnue. L'auteur divise cette histoire en deux époques : la phase
hiératique et la phase naturaliste. Pendant la première, l'artiste travaillant pour
les clercs, prêtre ou moine lui-même, parle aux yeux de ses confrères « le lan-
 gage que parlent à leur intelligence la théologie et la littérature sacrée, celui qui
est le plus familier à sa bouche et à son oreille, c'est-à-dire le langage symbo-
lique. » Pendant la seconde, le trait caractéristique do l'art du miniaturiste trans-
formé et sécularisé, c'est la recherche du réel.
   L'auteur passe plus rapidement sur l'exposé de l'histoire de l'enluminure chez
les nations étrangères, tout en indiquant les caractères généraux qu'elle a revêtus
chez chacune d'elles. Il décrit ensuite les procédés employés par les artistes.
   L'ouvrage se termine par un chapitre consacré aux autres ornements que le
moyen âge employa pour l'ornementation des manuscrits, reliures en ivoire, en
orfèvrerie, chefs-d'œuvre qui excitent encore aujourd'hui notre admiration.
   Si le Lexique des Termes d'art, de M. Jules Adeline, no se prête pas à l'ana-
lyse, on ne peut méconnaître son utilité. Il est fort coûteux de se procurer les
magnifiques dictionnaires d'art que nous possédons. Il est de plus très incommode,
lorsqu'on se trouve arrêté au milieu d'une lecture par un terme inconnu ou sur
la signification duquel on est insuffisamment fixé, d'aller feuilleter les gros volu-
mes qui renferment les trésors de science d'un Viollet-le-Duc. Le Lexique de
M. Adeline a au contraire sa place toute marquée sur le bureau du travailleur.
Parla quantité de matières qu'il renferme, par le grand nombre de vignettes ex-
plicatives dont il est orné (plus de quatorze cents figures) il est à même de
satisfaire à toutes les exigences. Tout modeste que soit son titre, ce livre n'en a
pas moins exigé un travail long et difficile en même temps qu'une érudition
consommée.
   C'est par des qualités semblables de patience et de savoir que se recom-
mande la Musique de M. H. Lavoix. L'écrivain distingué qui a signé ce volume
y a embrassé un champ immense, depuis les Egyptiens et les Assyriens jusqu'à
Offenbach et Gounod. Cet ouvrage sera utile non seulement aux musiciens, mais
encore aux artistes des autres genres, peintres, écrivains ou sculpteurs. 11 les
aidera dans la recherche de la réalité historique, il leur évitera les anachronismes
fâcheux, les méprises ridicules. Les gravures qui illustrent le volume ne leur
seront point inutiles à cet effet. Ils consulteront aussi avec fruit les nombreux
ouvrages dont l'auteur donne les titres en appendice de chaque chapitre.
   S'ils se distinguent par des qualités variées, les trois volumes dont je viens de
parler sommairement n'en tendent pas moins à un but unique, celui que s'est
proposé M. Quantin en commençant la publication de sa Bibliothèque, la facili-
tation des études d'art et leur diffusion dans le public des amateurs et des gens
de goût. Tous trois, ils se sont montrés à la hauteur de la tâche qui leur avait
été confiée. Il ne me reste qu'à leur souhaiter un succès semblable et aussi mérité
que celui obtenu par leurs aînés.
                                                            CH. LAVENIR.