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 328                        LA R E V U E L Y O N N A I S E




         LA PREMIÈRE PAGE DE FRANÇAIS ÉCII1TE A FOilCALQUiER (1485)


                        ARCHIVES DE FORCALQUIER


    A nostre très soveren roy, prince et sgr Charles, roy de France, comte de
Forcalquier et de Provense.
    Sire, tant humblement come fere pouvons, nos recommandons a vostre bone
grâce, receu a vous vos précieuses lettres, en vous merciant les bonnes et
 grandes nouvelles qu'il ha pieu a voste mageste nous fere asavous per la créance
donée a mess Jehan de Lobieres, vostre féale conselhier et meslre en vostre
chambre des comptes de Paris, desqueles nous sommes généralement, sans nul
excepter, plus joyeux ctcontens que de chose que nous vint james. En vous cer-
liffianl, très cliier sire, que, depuis que nous fumes à la courone, non hia grand,
ny petit que aye ne vuelhe désirer estre a aaltre mestre, ne avoyr soverein que
vous, ny que aye désir ny courage de fere for votre bon pleysir et vouloyr. Et
pour ce, Sire, nons vous supplions tant chierement que fere pouvons que il vos
pleyse nous entretenir en vostre bonne grâce, comme vostres et loyaulx subgiez
que somes et volons estre, en conceddant tout jours vostres bons pleysirs, pour
les explecter et hobeyr come à nostre Souveyren mestre, en priant, Sire, Dieu
que vous done bone vie et longue Escripte a vostre ville de Forcalquier, le xx'e
de janvier 84.

         De vostre majesté
  Les très humbtes, vraijs, obeyssans ('serviteurs ?) et subgiez.
  Les Sindeguea, qseills (conseils), gens et manans de vostre vile de Forcalquier.
                       Extrait du registre des délibérations numéro I, années 1474
                          et suivantes ; séance du 21 janvier 1484.

   NOTA. — La date de janvier 8-4 correspond à 1485 dans le calendrier actuel.
   Les trois provençalismes soulignés indiquent que la rédaction est bien l'œuvre
d'un indigène.



   Nous devons à l'obligeante amabilité de M. de Berlue-Pérussis la communication
de celte importante pièce, la première page de français écrite en pays provençal. On
nous saura gré de publier ce document inédit après le bruit qu'a fait par tout t l'Eu-
rope le discours de Mistral, aux fêtes de Sceaux.
   L'académie française elle-même a fini par s'émouvoir de cet événement. L'ex_
cellenle revue parisienne, le Monde poétique publiait dans son numéro d'août
le rapport de M. Ernest Legouvé à la suite duquel le prix Vitet a été partagé entre
« le plus célèbre représentant du génie méridional et un des types les plus brillants
de l'esprit parisien, MM. Mistral et G. Droz. »
  En voici deux fragments que nous croyons devoir signaler aux membres du Féli-
brige qui n'en ont pas reçu communication i