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                             SAPHO'



   M. Alphonse Daudet est un auteur célèbre, et, qui mieux est,
un galant homme. Compatriote des grands, félibres, grand félibre
lui-même, il mérite, il doit attendre de moi tous les égards. Mais,
sollicité par des personnes qui l'admirent, qui l'aiment aussi, de
juger son dernier roman, je dirai ce que j'en pense, sans aucune
passion à coup sûr, hormis la passion du vrai et du juste ; et je
prie l'auteur de Sapho, je prie les lecteurs de cet ouvrage, de se
persuader que la sévérité, bien justifiable ici, ne me vient ni de
prévention ni de colère, mais de « la violente amour » que je porte
à l'art, à la morale, à la religion.
   Ce n'est pas la première fois qu'un roman apparaît affublé d'un
nom antique. Avant Sapho, l'Astree et Corinne. Entre ces trois
noms, quels espaces de temps ! songez donc ; l'Astree rayonna
sous Henri IV et Louis XIII; Corinne soupira et chanta pendant
l'Empire et la Restauration... Quels espaces de genres surtout!
L'Astree, c'est la bergère grande dame, pleine de Yirgile, de Sanna-
zar et de Vauquelin de la Fresnaye; c'est l'amoureuse classique
Corinne, c'est l'amoureuse artistique, de qui le cœur est grec et

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     Le grand succès littéraire qu'a rencontrée la dernière causerie de M. Joseph
Roux : L'Atlantide, nous engage à publier immédiatement cette nouvelle étude
de l'éminent penseur limousin, quelque divergence qui existe entre son jugement et
celui du public sur le dernier et admirable ouvrage de l'illustre romancier.
    SEPTEMBRE 1884. — T. VII.                                              50