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              DECOUVERTE D'UN CHRIST EN BUIS                                305
hasards a-t-il passé delà cité des Papes dans la Rome des Gaules?
   Une supposition s'est d'abord présentée à l'esprit sur ce sujet.
M. l'abbé Cattet avait un frère, Maurice Cattet, établi à Avignon,
où il exerçait le métier de brocanteur. On pouvait admettre que,
ayant rencontré dans une de ses explorations professionnelles cet
objet religieux, Maurice Cattet en fit présent à son frère l'abbé,
alors professeur à la Faculté de théologie de Lyon et attaché en
même temps à la paroisse de Saint-Paul.
   Outre que cette version n'est qu'une pure hypothèse, qui ne re-
pose sur aucune donnée positive, elle laisse vide et sans lumière tout
le temps qui s'écoule de 1793 jusqu'en 1820 ou 1825 époque, où le
christ tombe entre les mains de M. l'abbé Cattet. Elle blesse même
les vraisemblances ; car le marchand d'antiquités avait qualité pour
connaître de cette œuvre d'art. Il avait sous les yeux la signature
de l'auteur. Il avait sous la main le grand christ d'ivoire, connu
de tout Avignon, pour ne pas dire du monde entier. 11 avait tous les
jours dans sa boutique les amateurs de la ville, qui n'auraient pas
méconnu le chef-d'œuvre, qu'ils pleuraient depuis si longtemps.
Enfin l'homme du métier avait une belle occasion défaire une bonne
affaire ; il n'avait qu'à l'offrir aux Pénitents de la Miséricorde, qui
faisaient alors d'incessantes et inutiles démarches pour reconqué-
rir leur crucifix.
   Nullement satisfaits de cette solution hasardée, nous avons
pensé à recourir à des données plus sûres, à des témoignages his-
toriques. Nous nous sommes adressé aux ecclésiastiques de Lyon
qui avaient vécu dans l'intimité de M. le curé de Saint-Paul.
Nous avons fait appel à leurs souvenirs. Plusieurs d'entre eux
avaient appris de la bouche même de M. Cattet comment ce christ
lui était parvenu. C'est à l'aide de ces souvenirs épars, que j'ai pu
construire le récit qui va suivre.
   Je dois mentionner d'abord le témoignage de Mgr Callot, évêque
d'Oran, quoiqu'il ne me soit arrivé que de seconde main. M. l'abbé
Callot s'était mêlé beaucoup à la vie et aux œuvres de M. Cattet.
11 lui était d'un gran^ secours au milieu de ses infirmités '.

  i Jean-François-Régis Cattet. né à Neuville-sur-Saône, près de Lyon, le 10 mai
1785, fat ordonné prêtre en 1809. Jeune encore, il eut le malheur de coucher dans