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22                        LA   REVUE LYONNAISE
comme les précédentes, mais'qui ne m'a fait séparément aucun don de cinquante
pistoles.La Gazette de Berne a donc été en cela mal informée, et notre dernier
Mercure, où mes vers ont été insérez, auroit pu la redresser sur cet article. J'ai
remis entre les mains des personnes que vous m'indiquez le Menagiana qui coûte dix
francs, et qu'un autre que moi n'auroit pas eu à moins de trois francs le volume
parce qu'il en reste actuellement peu d'exemplaires 2 . Il m'auroit été fort aisé de
vous déduire comme vous me le proposez, ces dix francs sur les dix-huit du moi s
prochain, mais il se trouve que j'ai avancé il y a déjà du tems à M. Petitot qui est
ici cette somme de dix-huit frans à la prière de madame sa mère qui vous en
auroit fait tenir autant à mon acquit, ce qui présentement peut avoir lieu, parce
que si elle ne vous envoyoit que huit francs elle n'auroit pas la commodité de me
faire compter ici les dix qui lui resteraient. Je crois donc qu'outre les dix francs
que vous toucherez de M. de_Berbis 3 pour le prix du Menagiana, il vaut mieux vous
 laisser encore toucher les dix-huit francs que madame Petitot a entre les mains
 et me réserver à ne vous envoyer que huit francs au commencement de l'année
 prochaine. II me paroit que de cette manière il y aura moins d'embaras. Toute
 la famille vous souhaite une parfaite santé. J'en fais de même, et suis, mon cher
fils, votre très affectionné père.
                                                      D E LA. M O N N O Y E .

   Le Menagiana que vous recevrez a ceci de particulier que les endroits jugez
licentieux y ont été conservez, et que les changemens qu'on devoit mettre à la
place ont été renvoyez à la fin de chaque volume.


   i On peut voir tous les détails de cette affaire dans une lettre adressée par M. de
La Monnoye au président Bouhier. G"est le 9 février 1721 que, dans un souper chez
madame de Gaylus, le duc de Villeroi décida cette pension, et trois jours après. « le
vendredi, raconte La Monnoye, madame Girault (une de ses amies) me surprit agréa-
blement, lorsqu'étant venue en carrosse me prendre pour aller chez madame de
Gaylus elle me mit en main les six cens livres en Ireize louis d'or et six pièces de
cinquante sols. » Il ajoute qu'ayant été remercier son bienfaiteur, M. le duc lui ferma
la bouche, en lui disant : « Oubliez cela, c'est à moi de me souvenir que je suis
votre débiteur. » (Œuvres choisies, in-4o, tome XI, page 257. Note de M. E. Bou-
gaud).
    2
      Menagiana, ou les bons mois de Ménage, recueillis par ses amis. Troisième édi-
tion plus ample de moitié et plus correcte que les précédentes, Paris, Florentin De-
laulne, 1715, 4 vol. in-12. Un des ouvrages les plus curieux de M. de La Monnoye.
On regrette d'y trouver des passages trop légers, souvent même licencieux. La
censure en arrêta le débit, et obligea l'auteur à y mettre des cartons. (Note de M. E
Bougaud). Ajoutons que La Monnoye employa tant de temps à faire les corrections
demandées que toute l'édition censurée s'écoula dans l'intervalle.
   3 La famille de Berbis, qui donna plusieurs conseillers au Parlement de Dijon,
avait des terres près d'Auxonne. S'agit-il ici de M. de Berbis de Longecour ? On
l'ignore.