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 168                        LA   REVUE LYONNAISE
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  tins de Saint-Maur , ne nous apprend si Raimond d'Agiles laissa
 quelqu'autre écrit de sa façon, que son histoire de la première Croi-
  sade. » C'est peu probable, et tout ce qu'on sait de lui nous vient de
 cet ouvrage. Rien ne nous fait connaître s'il revint en Europe ou s'il
 mourut en Palestine. La brusque conclusion du livre donne quelque
 vraisemblance à cette dernière conjecture. Il est dédié à l'évèque
  de Viviers, Léger, qui fut depuis légat du saint Siège.
     Le comte de Toulouse et les croisés de sa suite en sont le prin-
 cipal objet : le corps d'armée commandé par Raymond de Saint-
 Gilles ne comprenait pas moins, du reste, de cent raille soldats, et
 formait une partie importante de l'armée chrétienne.
     Raymond commence son récit à l'arrivée des Croisés en Escla-
 vonieetle continue jusqu'au différend qui s'éleva après la prise de
 Jérusalem entre le roi Godefroy et le comte Raymond au sujet de
 la tour de David, c'est- k-dire jusque vers la fin de juillet 1099. On
 croit que les deux fragments qui le prolongent un peu au delà de
 cette époque, et qui contiennent le récit de la bataille d'Ascalon,
 ont été ajoutés après coup par une main étrangère. C'est l'opinion
 des Bénédictins de Saint-Maur qui ajoutent que « Jean Besly (un
 critique anglais) prétend néanmoins que la première partie de ce
que nous regardons avec Bongars comme une addition, appartient
à l'auteur original; et que ce qui en fait juger autrement vient d'une
lacune; quant à l'autre partie, Besly accorde volontiers que c'est
une addition ». La collaboration de Pons finirait au siège d'Archos,
où il mourut en mars ou avril 1099.
    L'œuvre de Pons et de Raymond se présente aux érudits et aux
lettrés comme une des productions littéraires les plus dignes d'at-
tention du onzième siècle. Elle n'est connue que par quelques
lignes de Guizot, et par quelques courtes réflexions insérées par les
Bénédictins de Saint-Maur dans leur Histoire littéraire de la
France.
    C'est une simple chronique, mais une chronique qui a autrement
de saveur que les sèches et froides narrations des Guillaume de
ï y r , des Pithou, des Robert, etc., aussi fidèles et judicieuses qu'elles

  i Histoire littéraire de la France par des religieux bénédictins du la congré-
gation de Sain'-Maur, I. VIII. Paris 1747, pages G22 a 0<6.