Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                               PENSEES                                711
   Lamennais a bien été cet homme « dépravé par l'orgueil, si
étrangement ennemi de lui-même », qui a « pris en haine la seule
doctrine catholique qui donnait du prix à son existence » de
prêtre et d'apologiste. Il a « regardé comme un triomphe d'établir
sur les ruines de cette doctrine céleste de l'humilité en Dieu et de
l'obéissance à l'Eglise, « des erreurs également absurdes et déso-
lantes » ; et a « goûté », sans pouvoir dire « je ne sais », une joie
désespérée à s'assurer, hélas ! aux dépens de sa raison même,
une misère sans remède, ici-bas. et sans fin ailleurs.
   A force de scalper ce corps pourri du philosophisme au dix-
huitième siècle, l'infortuné anatomiste a pris le virus cadavéreux,
comme ces praticiens qui doivent leur mori à d'imprudentes au-
topsies.
                                    •k




  Le moyen âge « ratiocinait» en tout, partout; les temps nou-
veaux donnent dans l'excès contraire.
                               *

  Nous avons tort d'être fiers, ô mes contemporains ! Que possé-
dons-nous ? Des fragments de doctrine, des lambeaux de science.
Les « hommes » du moyen âge nous apprennent trop de choses
pour nous faire croire que nous savons beaucoup.
                                    +


  Que voulez-vous dire avec votre Dieu « Hasard », cet « être
de raison », qui n'a ni être, ni raison ?


   Se connaître, c'est le vrai ; se combattre, c'est le bien ; se vaincre,
c'est le beau.


   Le «doute méthodique», inoffensif entre les mains du respec-
tueux Descartes, devint une arme dangereuse en passant à ses
disciples. Descartes « réservait » les vérités de foi ; l'on en rap-
pela. Pour outrer, pour dénaturer le système du maître, ce qui
devait servir à la vérité, ne profita bien qu'à l'erreur. Le doute