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482                           LA IIKYUK I.Y0NNA1SK

                                        LA D E V O I D Y

          Ma foy, te dy bien vray
                                         BERNARDA
                                                                                (l)
                                 Que lou diablou le chatte                            .
       Quand ell'a gourmanda touta la matina,
       En apraytan mingia lou meilleur du dina,
       Quand elle sont à tabla, le fan le prime bouche ,2) ;                                130
       Vous le prendria per de sainte nitouche (3>.
       Quand elle van u champ avoique leur parewt,
       Celay se vey ben ordinairament,
       Ell'an de bon paty que sont couvert de taila.
       Elle ne mingeon pa de mouchon de cha/^daila < • ;
                                                      <>                                    135
       Ell'an de bonne truffe, biscuit & macarron,
       Que leur dounon celo larron ;
       En après tout se mesle, faut dire la chanson,
       Et ie vous recomawdou lou planchy du masso/z.
       Si per mal-heur, ce que ne se vay pa,                                                140
       Es n'y a quoqu'vn d'atrapa,
       Le autre ne dion mot, elle n'an pas laisy,
       Perce qu'ell'y prenon plaisy.
       Si es fo baily huit sou à vna Buyandiri,
       Elle l'appelleran Sourciri.                                                          145
Chansons et lettres patoises Bressanes, Bugevriennes et Domlnstes,       Bourg-en-Bresse 1881,
P- '59-
   Celé, c'est le pluriel féminin du démonstratif formé à l'aide du latin ille et très usité dans
'anc. français.
                         En le forest est l'os celé nuit ostelée.
   Roman à'Alixandre (Bartsch. Chrestom. de Tanc, franc. 180, 18).
                             Ore est raisons que je vous die
                             d u e celé table senefie.
                          Cleomades (Bartsch. loc. cit., 546, 20).
   (1) Q.ue le diable les prenne. On dit dans le même sens aujourd'hui : que le diable l'enlève.
Chatte dérive régulièrement du latin capto fréquentatif de capio. Cfr. le franc, chétif du lat.
captivus.
   (2) Elles font les difficiles. C'est l'analogue du français : faire la petite bouche.
   (5) Faire la sainte Nitouche, faire l'hypocrite, le bon apôtre ; affecter un dehors simple et
innocent. LEROUX, Diction, coin.
                   Timide en son respect, sembloit saincte Nitouche.
                                                            RtGNiER, Suivre XIII, v. 50.
  (4) On dit encore communément à Lyon en parlant de quelqu'un qui se nourrit bien, qu'il
ne vit point de mouchons de chandelle.