Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                   FISLIKRIUl                                         54:!

— Omèstro, ta terro de blad,                       champ de blé, sentant déjà le pain
                                                   aux gnignons roux? Que te dit-il,
Sentent déjà la courchounado,                      s'il sait parler, avant d'être mois-
De que te dis, so saup parla,                      sonné ? — Il me dit qu'à flots ses
Avant que siegue meissounado?                      graines blondes vont étaler leur or
— Me dis qu'a flot dins moun granié                dans mon grenier; et que j'aurai de
                                                   la farine bonne et blanche lorsque je
Roussejaran si grano aurino ;
                                                   retournerai du meunier.
E que, quand vendrai dou mounié,                             ALEXANDRINB BRÊMOND.
Aurai blanco ebono farine..                          Darboussille, (terre d'Arles), le
                               A. B.               11- février 1884.




   AS FELIBRES D'AQUITANO                          AUX FELIBRES D'AQUITAINE
    Goumo uno superbo drouidesso,                    Telle qu'une superbe druidesse, se
    Se levo, pleno d'ardidesso,                    levant,pleinedehardiesse, dans l'An-
                                                   tique Dîvonne, au pays des chênes,
Dins l'antico Divouno, al païs des garrics,        telle est l'Aquitaine, qui, en pleine
    L'Aquitano qu'en plen esclaire,                clarté, joyeuse, vive, éblouissante,
    Gaujous, vieu, enmimarelaire,                  secoue le petit rameau qui nous fait
Brandis le ramelet que noua fa tant africs*        si ardents.


     0 felibres, lecs d'ambrousio,                   O felibres, gourmands d'ambroisie,
     Le branquet de la pouësio                     la petite branche de la poésie nous
                                                   allèche là-haut, à sa divine main;
Nous agatis anaut, à sa divenco ma;                et, au-dessus des bourbiers, de l'en-
     E subre fangasses, tabino,                    nui, de la haine, de la vergogne et
     Azir, vergougno c mai fabino                  de la misère, ellese moque de l'aqui-
                                                   lon qui la voudrait effeuiller.
Se trufo de l'aial que l'vouldri6 derrama.

     Fa que nostre frount s'assoulelho                Elle fait que notre front s'enso-
     E que nostre cor s'arrevelho                  leille et que notre cœur se réveille
                                                   pour chanter sans relâche tout ce
Per canta sens relais tout ço qu'es bel e grand.   qui est grand et beau; plein d'ailes,
     Plé d'alos, coumo uno lauseto,                comme une alouette qui part, s'élève
     Que partis, s'anausso, à l'albeto             à l'aube, et semble disparaître ensuite
                                                   dans le ciel éblouissant.
E semblo fuge apuei dins le cel enlugrant.

    L'Aquitano, la belo fado,                         L'Aquitaine, la belle fée, gorge nue,
    Garganto nudo, descoufado,                     décoiffée comme celles qui autrefois
                                                   cueillaient le gui, vous salue tous,
Goumo las qu'autriscops amassaboun le vesc,        felibres, ô poètes français libres! et
    Vous saludo à-n-toutis, felibres,              sa parole va comme un ruisseau clair
    0 pouetos franceses libres !                   et frais :
E sa paraulo va coumo un rien clar et fresc :

     « Ornes, qu'abets per la patrio                 « Hommes, qui avez pour la patrie
                                                   la pure et bonne idolâtrie, qui vou-
     La puro e bravo idoulatrio,                   lez que partout la paix soit avec la
Que voulets qu'apertout siogue pax ambelurn,       lumière, aimez toujours votre ber-
     Toutjoun aimât, la vostro bresso,             ceau, qui garde la maternelle ca-
     Servant la mairalo caresso                    resse et le parler qui guide à travers
                                                   le temps sombre.
E le pa.la que guido à travès le tems trum.