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LA BERNARDA-BUYANDIRI 623 Il y a eu régression de la palatale post-tonique dans : Metalleam = mailly, maille II 268. Paleam — pailly, paille 1 52,11 267. * Pullaleam = poulailly, poulaille I 51. Palatium — palay, palais I 31. Si la gutturale précédait l'A, la semi-voyelle engendrée par elle a transformé cet A en e, et l'on a vu au quatorzième siècle des formes : cfe/(caput), chievra (capram), chier (carum), etc.(I) Par la suite des temps, cette diphtongue ie s'est aplatie en i; nous trouvons cette révolution accomplie au dix-septième siècle : Capram = chivra, chèvre I 14, 165. Peccatum = pechi, péché II 302. Mercatum = marchy, marché I 105, marcMA 74. Canem = chin, chien A 16/ Cathedram : = chire, chaise A 96. Mais : Casa = cheu, chez 198, II163. Caram = cher a, bonne chère II 39. Qyalem =queu, quel II 56. La forme cbain (canem) que l'on rencontre au vers 234 de la seconde partie de la Bernarda Tiuyandiri est, sans doute, due à une recherche d'orthographe étymologique <2). Cette influence du son mouillé s'est fait sentir, comme de raison, à l'infinitif des verbes appartenant à la première conjugaison : il en est résulté au quatorzième siècle toute une série de verbes en ier, tels que : agenolier (adgenuculare), abeissier (*adbassiare), cumunier (communicare), comensier (cuminitiare) deleitier (delectare), dennier (1) E. Philipon, Romania, XIII, 542. En vieux français l'A accentué devenait ié sous l'in- fluence d'une palatale ou d'une gutturale précédant médiatement ou immédiatement la voyelle latine, c'est-à -dire précisément dans les mêmes circonstances que celles où il est devenu ie en vieux lyonnais et i en lyonnais moderne. Cf. sur IE = en franc, moderne E le savant article que M. G. Paris a inséré dans la Romania de 1875, p. 122. (2) Au siècle précédent la révolution est en passe de se faire : on trouve en effet dans la chanson patoise du Formulaire fort récréatif de tous contrats, donations, etc. dont la première édition est de 1594, les formes anciennes : marchia (mercatum), chievra (capram) à côté de !a forme plus moderne chin (canem). Cette chanson patoise a été rééditée dans la Collection des Bibliophiles Lyonnais, volume des Facéties Lyonnaises, Impartie, p. 9, Lyon, 1846.