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55G LA REVUE LYONNAISE l'esprit profondément scientifique que l'on retrouve dans toutes les œuvres du savant membre de l'Institut, M. Faye, sont reconnus de tous ceuxqui s'intéressent à l'étude des sciences exactes. Le nouveau livre qu'il vient de publier chez l'éditeur Gauthier-Yillars a donc été fort bien accueilli. La première partie en est consacrée à l'examen des différents "systèmes cosmo- goniques chez les anciens et les modernes. Cette étude va du récit initial de la Genèse au livre de M. Hirn : Analyse élémentaire de l'Univers. La conclusion de cette revue, c'est la mise à l'écart de la fameuse théorie de Laplace, et le rajeunissement de celle des tourbillons, lancée par Descartes, que M. Faye reprend pour caractériser non l'état actuel, mais l'état primitif du monde solaire. Il y a là des vues originales et habilement déduites. Qu'on en adopte ou non les conclusions, ce livre intéressera le public savant dont il ne peut manquer de retenir l'attention. CH. LAVENIR. Le VICK SUPRÛMK. par JOSBI-HIN PÉLADAN, avec préface de Jules Barbey d'Aurevilly et frontispice de Félicien Rons. —; Pa.is. Librairie des auteurs modernes, 16, rue d'Argenteuil, 1884. — Un vol. in-18. Prix: 3 fr. 50. M. Péladan, un écrivain connu seulement jusqu'ici par des travaux de critique artistique, fort remarqués du reste, commence aujourd'hui, par le Vice Suprême, un elarge et profonde étude qu'il poursuivra dans une série de romans. Dédaignant l'ornière banale du procédé, il s'est tracé une voie originale, personnelle, et y a fait crânement ses premiers pas. Sa manière ne plaira certainement pas à tout le monde. Je ne l'étonnerai pas en lui disant ceci, car je suis sûr qu'il ne s'attend oint du tout à d'unanimes applaudissements, et qu'il préfère à certaines appro- bations une critique implacable, voire même une haine non déguisée. En quoi il a raison. M. Péladan est catholique, et je ne sache pas que la charité chré- tienne interdise de jamais mépriser. En revanche son indépendance lui attirera bien des sympathies. En lisant le Vice Suprême on est un peu surpris au premier abord. Le style en est ner- veux, coloré, souvent violent. Sa tournure rappelle par instants la phrase de Barbey d'Aurevilly, si féconde en effets inattendus, dont les éclaboussures jail- lissent comme une nuée d'étincelles fouettées par le vent. Plus que cela : c'est un peu la même tendance d'esprit, la même horreur du convenu et du vulgaire M. Barbey d'Aurevilly me semble donc, je ne dirai pas le maître, mais tout au moins l'inspirateur de M. Péladan. Ce dernier eût pu choisir plus mal. Un trait commun à ces deux écrivains, c'est encore la hardiesse dans l'ex- pression, l'audace de tout dire, sans fausse pudibonderie. Pas d'insipide périphrase, mais en même temps rien qui rappelle les tableaux dégoûtants dont est si pro- digue la littérature contemporaine. On peut peindre la réalité sans tremper son pinceau dans tous les bourbiers. Dans ses Diaboliques, M. Barbey est allé, ce semble, aussi loin qu'il soit possible de faire. Et malgré cela, en dépit de la netteté de certaines situations, qui donc oserait sérieusement accuser leur auteur d'immoralité ? Quel parquet serait assez dénué de sens commun pour le pour- suivre ? quels tribunaux assez ineptes pour le condamner ? Dieu sait cependant si, en telles matières, parquets et tribunaux se sont toujours montrés juges intelli- gents et impartiaux ! Non, mille fois non ; hypocrisie n'est pas chasteté. Le