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BIBLIOGRAPHIE LE DDG DE ROHAN et les Protestants sous Louis XIII, par HENRY DE LA GARDE. — Paris, E. Pion, Nourrit et C'% 1884, 1 vol. in-8°. Il y a deux manières d'écrire une monographie historique : rechercher des documents inédits et les grouper autour1 de ceux que les historiens ont déjà recueillis, soit pour démentir, soit pour confirmer les conclusions tirées par ces derniers ; ou bien se borner aux recherches déjà faites et le3 présenter sous une forme nouvelle, qui ne modifie point l'aspect général du sujet, mais lui prête un attrait nouveau. C'est cette seconde méthode qu'a adoptée M. de la Garde pour écrire son Duc de Rohan. Sauf en quelques points secondaires, il ne nous apprend rien que le public lettré et instruit ne connaisse déjà ; il ne prétend nullement rectifier l'opinion générale sur le grand chef des protestants français sous Louis XIII, et il n'a pas même fait usage de tous les documents négligés par l'histoire et que des érudits, comme M. Jal, ont soigneusement ramassés dans les archives. Le Dictionnaire critique de biographie, de cet auteur, publié en 1872 par la maison Pion, lui eût pourtant fourni quelques pièces intéressantes sur le vaillant partisan calviniste, ne serait-ce que sa nomination au commandement des troupes françaises dans le pays des Grisons en 1633, ou le don de 36.000 livres que lui fit le roi en 1635, pour le récompenser de ses « signalés services » dans la Valteline. Il est vrai d'ajouter que M. de la Garde s'arrête à la paix d'Alais, de 1620, et ne suit pas le glorieux capitaine jusqu'à sa mort. Mais il eût été bon de ne pas s'en tenir uniquement à l'opinion de Voltaire et de dom Vaissette pour rappeler les dernières années de la vie d'Henri de Rohan, qui réparèrent un peu son insurrection et sa longue prise d'armes contre l'autorité royale. Le nouveau biographe n'apporte donc rien de nouveau ; il se borne à démontrer que Richelieu n'avait rien du fanatique ni du sectaire et qu'il ne tint pas à écraser les Protestants, lorsqu'il fut parvenu à les désarmer et à les réduire à l'impuis- sance. On ne peut conclure plus justement ; mais cela, n'est pas précisément une découverte historique. M. de la Garde écrit facilement, trop facilement peut-être, en ce sens que sa plume, sans doute peu accoutumée au style sobre et sévère de l'histoire, ne sait point parfois se dégager des allures trop familières du journalisme. L'auteur