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BIBLIOGRAPHIE 5'i9 aurait-il appartenu à la presse ? Nous l'ignorons; quoi qu'il en soit, on le lit avec aisance, tout en regrettant de temps en temps une abondance et une prolixité qui auraient gagné à être plus châtiées, déplus on no lit point sans fruit. C'est le résultat auquel aspirait M. de la Garde, et il est équitable de l'en féliciter. JEAN DE VIVONNE, sa vie et ses ambassades près de Philippe II et à la cour de Rome, par le vicomte Guy DE BRÉMOND D'Ans. — Paris, E. Pion, Nourrit et G", 1884, 1 vol. in-8». Pour les personnes que ce titre ne renseignerait pas de suite, disons qu'il s agit du père de la célèbre marquise de Rambouillet. M. de Brémond d'Ars a raison de confesser dans sa préface que ce personnage n'est pas un grand homme ; mais il ajoute, avec non moins de justesse, qu'il est presque impossible d'écrire sur la seconde moitié du seizième siècle, sans que son nom s'offre à la plume. Ambassadeur et capitaine de cinquante lances, Jean de Vivonne ne se recommande pas seulement à l'attention de la postérité par la franche et fière physionomie de l'homme de guerre, mais encore et surtout par son habileté diplomatique et par son caractère de sincérité mâle, qui ne nuisit nullement, — loin de là , — au succès des négociations dont il fut chargé. Sans le qualifier de « très grand et non pareil de la chrestienté pour les affaires d'Estat, » comme Brantôme, on peut reconnaître en lui un serviteur très utile, quoique secondaire, de la monarchie. Son biographe a été attiré vers lui à la fois par l'intérêt qu'ins- pirent ses travaux et par les liens d'alliance qui unissent la maison de Vivonne à celle de Brémond. C'est en quelque sorte une œuvre de famille qu'il a entreprise, et, fort des documents nombreux puisés par lui aux meilleures sources, il peut très légitimement se flatter de l'avoir menée à bonne fin. Est-ce aux nombreux détails, souvent inédits, qu'il a patiemment colligés sur son héros, est-ce à l'agrément d'une plume jeune et facile qu'il faut attribuer l'intérêt de ce livre ? Nous ne saurions précisément le distinguer ; mais il est constant qu'on ne le quitte pas sans l'avoir achevé et qu'après avoir fermé le volume, on en garde-un bon, un salutaire souvenir. La jeunesse brillante de Jean de Vivonne, ses amours entre deux chevauchées, ses prouesses sur le champ de bataille et sa fière attitude dans les cours étrangères, le beau tableau de sa vieillesse respectée, sa mort de chrétien enfin, tout cela retracé par une plumo un peu recherchée, — quelques-uns diraient un peu féminine, — mais alerte et sachant peindre, tout cela, disons-nous, captive et retient le lecteur'. C'est loin d'un roman, car l'auteur ne marche jamais sans citations et s'appuie sur les autorités les moins suspectes ; mais cela a presque l'attrait d'un roman pour les personnes qui goûtent principalement dans l'histoire la peinture des caractères et des mœurs. M. de Brémond d'Ars fait vivre ses personnages, il les met adroitement en scène, il ne néglige rien de ce qui peut accroître l'illusion et le' charme du spectacle ; il a soin des accessoires, comme on dit en style de théâtre, sans pourtant rien sacrifier de la vérité et de la rigidité du récit. On ne saurait lui reprocher, comme à l'auteur- qui précède, de n'avoir point creusé suffisam- ment son récit ou omis une source d'investigations. Mais il n'a pas non plus, comme beaucoup d'historiens, jeté pêle-mêle ses documents, nous allions dire ses petits trésors dans le creuset, sauf à les laisser- s'amalgamer à leur aise et