Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                            FELIBRIGE

                       JEAN-GHERGHE-LA-PEUR
   Jean Cherche-la-Peur était un grand et beau jeune homme qui n'avait jamais
eu peur de sa vie ; mais sa mère était poltronne comme une souris. Tant qu'un
oour Jean voulut savoir ce que c'était que la Peur, et fut à sa recherche.
   Il marcha tout le jour, et vers le soir il arriva dans une forêt où se balan-
çaient, aux branches des arbres, des pendus qui faisaient cent grimaces.
   Jean, pour ne pas les voir, se détourne et double le pas; mais, voici que les
pendus tombent des branches comme des bogues de châtaignes et comme des
farfadets, murmurant des paroles incompréhensibles, dansent autour de lui
une danse bizarre comme si les racines des arbres avaient dansé. Jean s'en
amusait, lorsqu'il vit luire à travers les arbres une petite lumière. Il y va :
c'était la cabane d'un charbonnier. Il frappe, aussitôt une belle jeune fille, le
sourire aux lèvres, vient le recevoir à la manière antique. — Mes parents dressent
les fourneaux, dit-elle, ils vont revenir, entrez, vous souperez avec nous.
   La jeune fille qui lui parlait ainsi, était une fleur des bois dans ses dix-huit ans,
ayant taille fine, joues roses et chevelure noire et frisée; et pendant qu'elle
trempe la soupe et fringue les verres, ses parents arrivent, font à Jean la bien-



                          JAN-CERCO-LA-PÔU
  Jean-cerco-la-Poù èro un bèu droulas qu'avié jamai de sa vido agu pou; mai sa maire èro
pôutrouno couma un gàrri; tant qu'un jour, Jan vouguè saupre ço qu'èro Japôu, e partiguè
pèr l'ana cerca.
  Gamine tout lou jour, e just lou vespre, arribè dins un grand bos, ounte i branoo dès aubre
ae balançavon de pendoula que fasien cent grimaço.
  Jan, pèr li pos vèire, viro de caire e doublo lou pas, mai, vèioi que li penjadis toumbon
di branco coume de clofo de castagno, e couine d'esperitoun, en roumiéutejant de paraulo
jauno, ie danson à soun entour uno danso bistordo coume s'avien dansa li racino dis aubre.
Jan se n'amusavo, quand veguè, dintre lis aubre, un lumenoun lusi. Se ie gandis : èro la
oabano d'un carbounié, pioo, e,tout-d'un-tèms, uno bellochato, lou rire à la bouco, vèn lou
reçaupre à la maniero antico. — Mi gènt encabanon, dis, van veni, intras, souparès emé
nàutri.
  La chato qu'ansin ie parlavo èro uno flour di bos dins si dès-e-vuech an, qu'avié jougne
prim, gauto roso e peu nègre frisa ; e dins lou tèms que trempo la soupo e refresco li gat,