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D'OU VIENNENT NOS MOTS CLÉ ET CLOU Les mots français clé et clou sont de ceux qui offrent un des plus curieux exemples des spécifications et des rétrécissements que les vocables ont subis, tant au point de vue du sens que de la forme, depuis les époques les plus lointaines auxquelles les documents littéraires nous permettent de remonter. Le sanskrit possède une racine cris ou çlis, dont la forme primi- tive était *skrisk ou "shlisk ', et le sens, serrer, s'attacher à , em- brasser, entourer, enfermer. A cette racine se rattachent comme variantes, krunc, envelopper, s'enrouler, entourer, pour *skrunsk, et, avec la chute de la liquide, ou de la liquide et de la nasale, kunc ou kuc, qui ont le même sens. Ces différentes racines, sur- tout les dernières, ont donné naissance à une infinité de dérivés désignant soit des objets de forme circulaire, soit une clôture, une fermeture, etc. L'allemand, parmi les dialectes d'origine indo-européenne, est celui qui est resté voisin du sanskrit dans les mots conservés par lui apparentés à cette même famille. Le verbe schliessen*, enclore, 1 Voir sur ce point ma brochure sur Les origines de la sifflante palatale en sanskrit, Paris, 1884. Yieweg, éditeur. 8 Une ancienne variante de schliessen (anc. haut ail., sliuzu) est représentée par schlingen, rouler, enlacer, ceindre, etc. Cette variante est particulièrement inté ressante en ce qu'elle a gardé la nasale que nous avons dans krunc, kunc, e.tc, ainsi que dans le sk. çreni série circulaire, enchaînement, pour "çrensi.