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BIBLIOGRAPHIE DISCOURS, PLAIDOYERS ET ŒUVRES DIVERSES DE M. EDMOND ROUSSE, publiés par FERNAND WOBMS. Paris, Larose et Forcel, 1884, 2 vol. in-8. « Il y a, dit l'Écriture, plusieurs demeures dans la maison du Père céleste. » Il y a aussi place dans le grand barreau parisien, si fertile en talents, en savoir, en renommées; mais à notre gré, il n'en est pas de plus enviable que celle de M0 Rousse. Que sa parole ait fréquemment rencontré à l'audience de légitimes, de nobles succès; qu'il ait été le chef de son Ordre dans l'année terrible, et qu'en cette qualité la périlleuse mission lui soit échue de revendiquer devant une nouvelle barbarie les droits de la justice violée, de l'humanité foulée aux pieds ; qu'il ait, presque seul de la barre, tenté d'arracher les otages à la Commune, cela nous étonne peu : son labeur juridique présageait ses victoires judiciaires ; un avocat, d'ailleurs, est toujours du côté des victimes, jamais de celui des bour- reaux. Qu'il ait eu depuis l'honneur de représenter dans notre premier corps littéraire l'alliance des lettres et du barreau, cette fortune était juste : l'Académie française a toujours tenu à compter un Patru, un Berryer dans ses rangs, et elle se devait d'appeler à elle un maître en l'art de bien dire qui possède, en outre, l'art d'écrire comme on ne l'a plus, comme de longtemps peut-être on ne l'a eu au Palais C'est toujours chose rare que le style; combien se flattent d'en avoir un, qui estropient chaque jour cette belle et noble langue française, actuellement défigurée, torturée, corrompue, salie parles peintres attitrés dos bouges infects et des immondes taudis du Paris démocrati- que ! Non, ces succès, ces distinctions, ces palmes conquises do haute lutte, sans souci de la réclame, sans le secours de la camaraderie ou de l'intrigue, cette correcte éloquence, cette plume fine, souple et délicate, à la fois arme et parure entre ses doigts d'artiste, tous ces dons privilégiés d'une intelligence exquise, qui fut dès le premier jour captivée par les séductions de l'éternelle beauté, tout cela mérite moins d'admiratio.i que l'homme lui-même : il est des renommées plus bruyantes, il n'en est pas de plus estimables ni de plus pures ; pour l'affir- mer, il n'est besoin de jeter un regard indiscret sur la vie privéte de M. Ed. Rousse, il suffit d'ouvrir le recueil de ses oeuvres publiques, que l'un de ses jeu- nes secrétaires, M. Fernand Worms, vient de réunir en deux volumes.