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                                     FELIBRIGE                                    439




   A la dernière heure, m'arrive le compte rendu de la solennité de Muret. Je le
résume en quelques mots.
  Les félibres de la Maintenance d'Aquitaine tenaient à Muret, dimanche dernier',
12 octobre, leur assemblée annuelle, sous la présidence de leur syndic, M. le
comte de Toulouse Laulrec, à l'occasion de l'inauguration d'un monument du
combat livré le 12 septembre 1213 sous les murs de la ville par les croisés de
Simon de Montfort.
  C'est sur l'emplacement où la tradition place le champ de bataille et l'endroit
où fut tué le roi Pierre II d'Aragon, — cet endroit garde encore le nom de
quartier d'Aragon, — qu'a été érigée, à l'aide d'une souscription des habitants
de Muret et des membres du Félibrige, l'obélisque commémoratif. L'une des faces
porte l'inscription suivante :
                               BATA1LLO DE MURET,
                       LE 12 DE SEPTEMBRE DE L'AN 1 2 1 3
                           DINS LÉ PRÉSENT TERRADOU,
                           LÉ REY PEYRE II D'ARAGON
                                   Y HOUSQUET TUAT
                EN COUMBATTEN COUNTRO SLMOUN DE MONTFORT.


                                   LA BII.O DE MURET
                          ET LES FÉLIBRES D ' A Q U I T A N I O
                              AN ENHARTAT LA         PEYRO
                               D'AQUESTE    MOUNUMENT
                              LE    12   D'OCTOBRE    1884.


   Le spectacle est grandiose et solennel. — Au premier plan, la magnifique
plaine qui se déroule de Muret à Seysses, de la Louge à la Garonne, dont le
 monument occupe à peu près le centre, avec les teintes automnales de la cam-
pagne à demi verdoyante. Au fond, dans le lointain de l'horizon du Midi, les cimes,
déjà blanchies en partie par la neige, des pics Pyrénéens, La scène apparaît
éclairée par un chaud soleil qui, providentiellement, ajoute son éclat à celui de
la Fête.
   La cérémonie est ouverte par un discours languedocien de M. le président
Henry. Il a donné là avec une parfaite convenance de langage, sa véritable signi-
fication à cette fête : ce n'était la glorification ni des vainqueurs, ni des vaincus.
Tout en rendant un digne hommage à ceux qui sont morts pour la défense de
leurs foyers, il s'est applaudi des conséquences favorables qu'avait eues cette
journée pour le travail de l'unité française ; mais, dans l'intérêt même du patri-
moine littéraire de la nation, il a affirmé l'utilité du maintien des dialectes et
revendiqué le droit, ainsi qu'il l'a spirituellement dit, d'agir en Français et de
parler en Gascons.
   M. le comte de Toulouse-Lautrec a prononcé à son tour une allocution mais
en langue française.