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438                                        LA REVUE LYONNAISE
  D e l i è u r a r a las p r i s o u n i e i r a s       nières qu'enchaîne l'hiver si laid
                                                          Les
  Qu'encadena l'iver tant laid,                                 P™tanières peindront.
  Pounchejaran Las Printanieiras
                                                      *

  Nous renvoyons au prochain numéro le compte rendu annoncé de YArmana
prouvençau (1885, Avignon, Roumanille), égal (sinon supérieur) aux trente
numéros précédents, et du volume Li Caclo de notre cher collaborateur Louis
Astruc.



   Contrairement à ce que nous avions annoncé, aucune poésie provençale n'a été
lue aux fêtes de Corneille. Les pièces françaises n'en ont pas été meilleures pour
cela. A part quelques belles strophes de Sully-Prudhomme, qui est un grand
poète, toutes les pièces récitées à Rouen ont égalé en monotonie la pluie qui no
cessa d'inonder la ville pendant la solennité.
   Voici, du moins, que, toutes les fanfares apaisées, il nous est donné d'entendre
une vraie poésie, digne de Corneille et de son auteur, M. Stephen Liegeard.
Le poète des « Grands coeurs » qui est aussi un écrivain charmant Au Caprice
de la Plume a trop acclamé l'œuvre des félibres pour que nous n'insistions pas
ici sur sa nouvelle vaillantise. Admirez ce sonnet taillé dans le marbre : voilà
désormais un pendant au Michel-Ange de Barbier.

          Deux siècles sur son œuvre ont pesé moins qu'une heure,
          Pas un rayon ne manque à son front souverain ;
          Il luit, quand tout s'éteint, — quand tout passe, il demeure :
          Sa pensée est de flamme et son vers est d'airain.

          Toute vertu grandit, dès l'instant qu'il l'effleure ;
          Le trait ressort plus vif, creusé par son burin ;
          Il parle... à ses accents l'âme devient meilleure :
          Dieu de tous ses héros l'a fait contemporain.

          Debout donc, rois, martyrs, fiers guerriers, chefs d'armée!
          Prenez vos clairons d'or, sonnez pour' l'ombre aimée,
          Sonnez, en mâle orgueil desa paternité...

          Et vous, essaim ailé, filles de son génie,
          Allez par les sommets cueillir la fleur bénie :
          L'immortelle sied bien à cette éternité.




   Notre éminent collaborateur, Al. Langlade, achève en ce moment un poème
en six chants que nous publierons cet hiver et qui doit égaler — ou je me trompe
fort — les plus célèbres productions de la Muse romane.