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                                    FELIBRIGE                                       433
Quiha sa bugadiéira blanca,                     blanche lessiveuse. Vaucluse soupire
                                                et le ventoux dresse au ciel son front
Vauclusa sousca e lou Ventou *
                                                blanchâtre, .
Tesa au ciel soun front blanjuinnus.

Quand de la bola dauflnenca                        Quand de la frontière dauphinoise
                                                la belle a atteint les plus hautes
La bêla e3 au pus naut cresten,
                                                crûtes, elle entend un bruit qui
Ausis un bruch que la reten,                    l'arrête, un bruit qui vient de îa gar-
Un bruch que ven d'en gardounenca,              donenque i ; elle entend un bruit qui
Ausis un bruch que la reten,                    l'arrête. C'est la voix du bruyant
                                                Gardon :
Es la vos dau Gardoun brusen.

— Pioi que t'envas dor la Villassa                 «Puisquetu vas versla grande ville
                                                fêter, bien loin de son pays, le plus
Festà, ben lion de soun pais,                   chéri de mes fils, qui dans la gloire
Lou pus vesiat de mous manits,                  s'est fait si grande place, le plus chéri
Qu'en gloria a près tant granda plaça,          de mes fils, à tous joie et merci!
Lou pus vesiat de mous manits,
A toutes joia e gramecis !
« Mais, en festejan moun cantaire,                « Mais en fêtant mon chanteur, rap-
Remembras-vous sous darniés vots :              pelez-vous ses derniers vœux : que
Que sus ma douga, entre lous'rocs,              sur mes bords, entre les rochers,
                                                puisse-t-il, au moins, reposer, Quo
A tout lou mens, posque se jaire,               sur mes bords, entre les rochers, je
Que sus ma douga, entre lous rocs,              puisse, à mon gré, baiser sa fosse. »
Posque, a moun grat, baisa soun tras. »

— « Gardoun! gardoun! pacienta, espéra,           — « Gardon, Gardon, patiente, es-
                                                père; mes felibres te le rendront:tes
Mous felibres te lou rendran:
                                                rives ombrageront, un jour, sa fîère
Tous rebiéirôus oumbrejaran,                    ressemblance.Tes rives ombrageront
Un jour, sa retrasença fiera,                   les traits de celui qui t'aima tant.
Tous rebiéirôus oumbrejaran,
Lous trats dau que t'aimava tant.

« E tus, adieu, bêla encountrada.                 « Et toi, adieu,belle contrée! je te
                                                quitte, mais, bientôt je reviendrai. Je
Te quite mais léu tournarai ;                   vais consoler ceux qui, là-bas, sont
Vau counsoula lous qu'en alai                   sevrés de ton souffle, je vais conso-
Patissoun de toun alenada,                      ler, ceux qui, là-bas, languissent
Vau counsoula lous qu'en alai                   loin de toi,hélas! hélas '.
An la langou de tus... aï! ai!

« Pavlarai de tous gourgs, Vauclusa ;             « Je parlerai de tes gouffres, Vau-
                                                cluse, de tes neiges, fier Ventoux,
De tas nevadas fier Ventous;                    de ton soleil si brillant, et de la
De toun sourel tant luminous,                   Camargue et de la Crau stérile; ds
E d'en Camarga e d'en Grau nusa.                ton soleil si brillant, de tes débor-
                                                dements, Rhône capricieux !
De toun sourel tant luminous.
De tous aigats Rose tinbrous!

« De tas garigas sentourousas,                   « De tes garigues embaumées, Saint-
                                                Loup, j'en dirai quelques mots. Mer,
Sant-Loup, n'alenarai un pauc.
                                                  1
Mar ie dirai tous bruchs, toun siau,                  Paya arrosé par le Gardon.