Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
432                       LA REVUE LYONNAISE




    LOU VIAGE DE LA REINA                LE VOYAGE DE LA REINE

Un jour de Prima, à sa levada,            Un jour de printemps, en se levant,
                                        tout en dissipant l'obscurité, le gai
Tout escaboulian l'escabour,
                                        soleil jette un regard amoureux sur
Lou gai sourel trai, emb'amour,         notre contrée. Le gai soleil jette un
Un regard sus nosta terrada,            regard amoureux sur notre Midi.
Lou gai sourel trai, emb'amour,
Un regard sus nosta Miéjour.

Te vei, alai, dins la grand              Il aperçoit dans la grande vole, où
Ounte lou ram toujour flouris,         le laurier fleurit toujours, la reine de
                                       notre pays, cheminant avec son bien-
La Reina de noste pais                 aimé. La reine de notre pays qui
Qu'em soun cap-de-jouvènt amalia,      chemine vers Paris.
La reina de noste pais
Que s'acamina dor Paris.
Toca pas sôu, dirias qu'a d'alaa.         A peine elle effleure la terre, on
De sous iols jiscloun de dardais.      dirait qu'elle a des ailes, de ses yeux
                                       jaillissent des éclairs: elle porte au
Porta au front l'estéla à set rais,    front l'étoile à sept rayons, la cou-
Lou chepelet de prouvençalas,          ronne de pervenche. Elle porte au
Porta au front l'estéla à set rais,    front l'étoile à sept rayons, au front
Au front plen de doucets pantais !      plein de doux rêves.

A la passada tout l'aclama :              A son passage tout l'acclame: les
Lous calandres, en bresihan,            calandres en gazouillant, les grillons,
                                        les cigales en chantant; le Camargue
Grihous, cigalas cascalian ;
                                        hennit, le taureau beugle; grillons,
L'India l'ega, lou tau brama,           cigales en chantant ; gardiens, valets,
Grihous, cigalas cascalian,             aides, sonnant du cor.
Gardians, rafls, mendils cournan.

La mar la devista, esmouguda,             La mer l'aperçoit, émue, elle enfle
Boumba soun inmense peitral,            son immense poitrine, en grandes
                                        vagues. Du lointain, elle accourt tête
A grand, oundadas, d'en aval,           baissée. En grandes vagues, du loin-
S'ai couris à la beseguda,              tain, elle accourt vers le littoral.
A grand oundadas, d'en aval,
S'acoussa de vés lou terrai.
Lou Majistrau, de nivous coufle,          Le Mistral, gonflé de nuages, du
                                        plaisir, retient son souffle; Saint-
De gau, reten soun alenat;
                                        Loup, debout sur son plateau, dresse
Sant-Loup, sus soun causse arenat,      sa robuste tête. Saint-Loup, debout
Adrecha soun suças maroufle,            sur son plateau, se couvre de son
Sant-Loup, sus soun causse arenat,      chapeau.
De soun capel s'es courounat.
Tout espantat, lou Rose tança             Le Rhône, abasourdi, arrête cou-
Courens, revôus e doulidous ;           rant, tourbillons et remous. Vaucluse
Vauclusa sousca e lou Venfous           soupire et le Ventoux perche sa