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380 LA REVUE LYONNAISE On s'étonne qu'un homme aussi gai, aussi léger ait parlé de la mort avec tant de sagesse. Il ne la craignait point, il s'efforce d'en adoucir l'attente. La mort ne surprend pas le sage : 11 est toujours prêt à partir, S'étant su lui-même avertir Du temps où l'on se doit résoudre à ce passage. Ce temps hélas! embrasse tous les temps : Qu'on le paitage en jours, en heures, en moments, 11 n'en est point qu'il ne comprenne Dans le fatal tribut ; tous sont de son domaine, Et le premier instant où les enfants des rois Ouvrent les yeux à la lumière Est celui qui vient quelquefois Fermer pour toujours leur paupière. Défendez-vous par la grandeur ; Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse; La mort ravit tout sans pudeur ; Un jour le monde entier accroîtra sa richesse. Il n'est rien de moins ignoré; Et puisqu'il faut que je le dise Rien où l'on soit moins préparé. C'est un sermon si l'on veut et c'est là le premier point. La mort est inévitable, et le sage ne doit point s'en effrayer. Mais l'homme sur ce sujet n'est jamais sage. Une trouve jamais qu'il ait assez vécu. Plutôt souffrir que mourir C'est la devise des hommes! Vient ensuite le tableau du mourant. Ce mourant est un centenaire qui se plaint de mourir trop tôt. Il demande du temps pour mettre ordre à ses affaires ; mais la mort le presse : Allons, vieillard, et sans réplique Il n'importe à la république Que tu fasses ton testament Même en traitant ce grave sujet* le fabuliste avec un fond suffi- sant de tristesse, ne sort pas du ton qui convient à son caractère. Il n'enfle pas sa voix. C'est par la vérité des traits que le lecteur est touché. A propos de cette fable ou peut dire avec un éminent critique : Examinez-vous après une lecture de La Fontaine ; et s'il