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                                  FÉLIBRIGE                                        323




               UN NOËL MONTLUÇONNAIS DE BU

  A une époque où les Noëls recommencent à se chanter dans les églises, nous
jugeons opportun de reproduire un de ces antiques et naïfs récits de BIA *, si
piquants dans leur langue campagnarde, que nos pères aimaient jadis à redire
pendant la veillée sainte, et que n'ont pas oubliés ceux qui s'inquiètent encore de
nos traditions locales.
  C'est une longue pièce de vers, divisée en strophes composées de façon à être
chantées sur un air traînant de bourrée, et écrite toute entière dans ce patois de
notre pays qui depuis longtemps, à quitté la ville pour se réfugier dans les ha-
meaux, où il achève de se corrompre et de se perdre,                   L. C,


                       NOVÉ                                         NOBl


    N'allans vère féni la guiarre,                       Nous allonsvoirfinir laguerre,
                                                       voici le bon temps revenu. Noël
    Vetchi le bon temps revaingu,                      est venu pour délivrer la terra.
         Nové è vaingu                                 Nous serons mailres chez nous,
                                                       nous ne craindrons plus rien.
    Pa désarsa la tchiarre.
Serans maîtres chia nous, ne craindrans pus degu

    Pus de jalade ni de couleure,                        Plus de gelée ni de coulure,
                                                       Satan sera bien attrapé. Il nous
    Satan sera ben affiata,                            a tourmentés et ravagés sans
         0 nous a trementa                             cesse; tout notre petit Léry en
                                                       est dévasté.
    Et chaffraya d'arreure ;
Tout not' petit Léry en é dégazuta.
                                                        Je m'en vais chercher la com-
    E m'en vé charcha la courtière
                                                      mère pour la faire loger chez
    Pa la fère lugea chia nous ;                      nous; j ' a i du bon vin doux pour
          K z'e' d'au bon vaïn doux                   réjouir le père, du tourteau pour
                                                      le fils, des pois et des noix,
    Par ébaudi le père,
Do tei'tou pale fi, dos pais et de las noux,

                    MICHIAUD                                      M l CII1ÃŽL


                                                        Il nefaut ni tourteau ni tourte
    Ne li faut ni tertou ni tourte
                                                      parmi une troupe de rois; des
    Parmi une troupe de rés ;                         blancs et des noirs, qui entrent
         Dos bllians et dos néis,                     à pleine porte, chargés de vieux
                                                      écus : Lambin garde tes pois.
    Qu'intront à pllienne pouarte,
Chargeas de vieux écus ! Daru, garde tos pais


   1
     Biâ, abréviation de Gibid (Gilbert), est le pseudonyme d'un poète montluçonnais
.du siècle dernier, le spirituel CHEVILLE, avocat au bailliage de Montluçon.