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286 LA REVUE LYONNAISE les naturalistes ne dédaignent pas de travailler avec un soin de poètes et d'artistes. Laissons maintenant ces critiques de détail, et considérons l'œuvre de plus haut pour voir si tout au moins l'impression qui s'en dégage peut avoir sur la société quelque influence salutaire. Hélas ! là encore nous cherchons -vainement le but élevé que la nouvelle littérature semble s'être donné. Si elle arrive à quelque résultat, ce ne sera jamais qu'à faire des cœurs lâches et des courages énervés. Quelle est en effet l'impression qui se dégage et des doctrines qui ont inspiré l'œuvre et de l'œuvre en général, en mettant de côté les quelques contradictions que nous avons fait ressortir ? Que l'homme ne se fait pas lui-même, par son énergie et sa volonté, ce qu'il est ; mais qu'il est fait fatalement par le sang qui coule dans ses veines et par le milieu où il vit. Que d'excuses à la lâcheté ! Que de circonstances atténuantes aux fautes les plus graves! Allons plus loin, quelle terrible irres- ponsabilité! Ah! nous comprenons qu'on en arrive à préférer aux idées spiritualistes et chrétiennes le système déterministe. Il est vraiment par trop commode et plaide trop bien en faveur de nos défauts et de nos fautes tout ce que notre conscience, quand elle n'a pas été dévoyée, repousse avec énergie. Hérédité d'un vice, influence d'un milieu, et vous ferez de tout criminel ou de tout débauché un pauvre fou ou une victime de l'état social4. Et toutes ces funestes conséquences ne seront pas compensées par quelques découvertes banales que vous croirez avoir faites dans le domaine de la science sociale, comme l'assainissement des faubourgs pour arriver à la suppression scientifique des filles2. A tous les points de vue, nous ne pouvons donc que proclamer funeste et dangereuse pour la morale publique l'œuvre de M. Zola ainsi que toutes celles qui seraient inspirées par les mêmes doc- trines et le même esprit. 1 C'est du res!e assez à la mode aujourd'hui. - E. Zola. De la moralité dans la littérature.