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264 LA R E V U E LYONNAISE
en retour qui saute les générations 1 . — Ici nous avouons que le
raisonnement des déterministes est irréfutable. Les caractères
humains ne sont pas tellement divers que, dans toute une lignée
d'ancêtres, un descendant quelconque n'arrive pas à trouver son
semblable, l'original dont il ne serait que le portrait. En cette
matière comme en bien d'autres on peut dire : nil sub sole novi.
Mais justement à cause de sa généralité l'argument ne prouve rien
Ce n'est pas une raison, parce que l'humanité se meut dans un
cercle restreint de types, pour qu'aussitôt que vous voyez apparaître
une ressemblance morale inévitable entre un homme et un de ses an •
cetres, vous vousecriiezaussitôt : cecivientdecela.il est trop simple
de se représenter l'homme comme mené par deux influences tantôt
contraires, tantôt unies : le milieu et l'hérédité, et de dire lorsqu'il
cède à l'influence du milieu : Voilà ce qui le fait agir, quitte à dire
ensuite lorsqu'il y résiste : C'est l'hérédité qui le mène. Avec le
croisement des races et l'hérédité en retour, on fera toujours agir
cette influence dans le sens que l'on voudra.
Et tout cela, pour proclamer gravement une assimilation entre
la pierre des chemins et le cerveau de l'homme! Quand, pour dé-
fendre un système, on a recours à ce genre d'arguments, c'est qu'il
n'est pas basé sur la réalité des faits.
Nous en aurions fini avec les types créés par M. Zola, maintenant
que nous avons étudié ceux qui infligent un démenti à sa théorie
sur l'homme, s'il ne nous restait à signaler un point, qu'il a du reste
de commun avec le plus grand nombre de nos romanciers mo-
dernes. Tous ses personnages ont plus ou moins mal aux nerfs. Il
est vrai qu'il y a peut-être là une preuve d'observation sincère, car
il est de mode aujourd'hui de parler de la grande névrose du siècle.
Nous ne savons jusqu'à quel point on a raison, mais si notre siècle
a mal aux nerfs, il nous semble que ce n'est pas en lui en parlant
sans cesse qu'on arrivera à le guérir.
Des personnages, passons aux procédés et au style.
Par ces deux points M. Zola est purement romantique, et n'est
pas seulement, comme il semble le reconnaître parfois, un descen-
dant des romantiques ayant-recueilli dans l'héritage de ses an-
1
Voir l'Arbre généalogique des Uougon-Macquart.