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LE ROMAN NATURALISTE L ' O E U V R E DE M. ZOLA — SUITE 1 — II. - M. ZOLA ARTISTE ET ÉCRIVAIN La transition naturelle pour passer de l'examen des doctrines philosophiques de M. Zola à celui de ses procédés littéraires, c'est l'étude des personnages sortis de son imagination. Et qu'on ne vienne pas nous dire que ces personnages ne sont pas imaginés, mais bien vus et observés, ce serait commettre là une étrange erreur. Prenons un caractère de roman ou de drame, quelque part qu'on y puisse faire au document (pour parler la langue des natura- listes), il y en a toujours une pour l'imagination, il faut toujours inventer quelque chose. D'abord ce caractère est nécessairement synthétique, il est toujours, involontairement peut-être, le résultat de plusieurs faits qui sont venus se grouper dans l'esprit de l'ob- servateur, qu'il a classés dans la même case de sa mémoire et qui se représenteront naturellement ensemble lorsqu'il fera appel à l'un d'entre eux. Ensuite, et à supposer même, ce que nous ne saurions admettre, que pour copier plus exactement la nature l'auteur arrive à se débarrasser de cette disposition synthétique de l'esprit et veuille appliquer à un seul caractère les faits observés sur un seul individu, il ne pourra pas davantage reproduire servilement 1 Voir la Revue du 15 juillet 1883.