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BIBLIOGRAPHIE 227 couleurs, pour orner, ce qu'à l'époque de la Renaissance, on appelle les créden- ces, soit que plus tard, il allie à ce premier mouvement artistique la science du dessin et de la composition : et alors se produisent ces chefs-d'œuvres que nous admirons et qui placent si haut dans l'histoire de l'art ces majoliques italiennes si justement estimées à notre époque ». Du reste, les plus grands artistes d'Italie ne dédaignaient pas de prêter le concours de leur génie aux modestes potiers qui ont entrepris de fabriquer la faïence, les plus grands maîtres de la peinture four- nissent des cartons à ces derniers, des dessins pour couvrir de délicates arabes- ques les objets qu'ils exécutaient. Les Papes, les plus grandes familles leur ve- naient aussi en aide, et après avoir fondé de véritables manufactures, ces illustres Mécènes ouvraient les portes de leurs palais à ces produits merveilleux dont la Perse et la Chine avaient jusqu'alors conservé le secret. Ces encouragements ont malheureusement manqué à nos potiers français livrés à leurs seules inspira- tions et abandonnés à leurs propres et souvent maigres ressources. Toutefois, sa- chons-leur gré de leurs courageux efforts, et soyons justes pour eux, car eux aussi, on peut le dire, nous ont donné parfois de véritables chefs-d'œuvres, quoi- que, comme le dit aussi M. de Mély, un souffle divin n'ait pas passé sur eux comme sur les potiers d'Italie : mais ce souffle n'a pas été de longue durée ; après un siècle et demi à peine, il cesse ; les grands maîtres, en mourant, semblent em- porter avec eux dans la tombe le secret de leur art. Au lieu de rester artiste, le potier devient fabricant et de ce moment date la décadence si prompte de la cé- ramique italienne. M. de Mely, heureusement, eu a fait l'objet d'une profonde étude et en a écrit une savante histoire. 11 s'est attaché à retrouver chaque localité d'Italie qui a possédé, plus ou moins longtemps, une fabrique d'une certaine importance, les noms de ses fondateurs, ceux de ses principaux artistes, leurs produits de tous genres qui restent encore dans toutes les principales collections d'Europe, et jusqu'aux marques et monogrammes qui indiquent leur provenance. Sous ce dernier rapport, le livre de M. de Mely sera aussi du plus sérieux intérêt pour tous les collectionneurs qui faute d'indications sont dans le plus grand.embarras quand ils veulent déterminer l'origine vraie de certaines pièces de leurs cabinets qu'ils savent bien être d'Italie, mais sans pouvoir préciser le nom du lieu d'où elles sont réellement sorties. Ces marques et monogrammes affectent même souvent les formes les plus singulières et les plus primitives. M. de Mely en donne de très nombreux spécimens. Son livre offre aussi ce grand attrait, en ce qu'il indique les collections qui possèdent aujourd'hui les plus beaux monu- ments de la céramique italienne que le temps n'a pas détruits ; ce sont le Britisch-Museum, le Musée de Cluny, ceux de Limoges, du Louvre, de P e s a r o , de South-Kensington et d'Urbino, et les cabinets de MM. G. et A. de Rothschild. M. de Mely a visité aussi ces collections et elles ont singulièrement facilité ses savantes et laborieuses recherches. Tous les amis des arts lui en sauront un véritable gré. Il manquait un bon livre sur la céramique italienne. M. de Mely a eu le courage de l'écrire et en maître consommé. La maison Didot l'a jugé aussi digne de son puissant concours et c'est de ses célèbres presses qu'est sortie l'œuvre de M. de Mely. Mais à propos de céramique qu'on nous permette aussi une réflexion. Depuis quelque temps il s'est établi en France un certain nombre de fabriques de Porcelaines et de faïences dites artistiques. On est véritablement inondé de leurs